Légumes. Les déchets finissent en beauté

Publié le 02/11/2010

Les déchets de la zone légumière bretonne pourraient devenir un gisement de composés actifs pour l'industrie de la cosmétique, de l'aliment-santé ou la parapharmacie. Une nouvelle filière se dessine en Bretagne.

On ne les appelle déjà plus déchets, mais co-produits. Ce sont des tomates hors calibre, des tiges d'artichauts, des trognons de choux-fleurs, des cosses de petits pois, des sous-produits de la meunerie du blé ou du sarrasin... «Ils contiennent des principes actifs qui peuvent intéresser la cosmétique, la parapharmacie, les alicaments, l'industrie des plats préparés», explique Christophe Bazinet au centre de biotechnologies régional Vegenov à Saint-Pol-de-Léon (29). Avec son collègue Patrice Morel, chercheur à CBB Développement, un centre de transfert de technologie rennais, il a été chargé d'une étude sur l'identification du gisement breton de co-produits végétaux, démarrée en 2008. Le pôle de compétitivité agroalimentaire breton Valorial, qui a demandé cette étude, y voit les prémices de la naissance d'une nouvelle filière de valorisation. Elle réunirait, de l'amont à l'aval, les producteurs de légumes et autres cultures, les laboratoires d'extraction et les industries concernées.

Richesses inexploitées
Les co-produits des cultures recèlent de richesses encore inexploitées. La tomate renferme du lycopène, riches en anti-oxydants intéressants pour lutter contre le vieillissement cellulaire. Le chou-fleur contient des polyphénols qui peuvent avoir un effet préventif à l'apparition de certains cancers, comme celui du système digestif. Ceux de l'artichaut contribuent à la protection hépatique ou à la régulation de la glycémie. Sans oublier les anti-oxydants contenus dans plusieurs légumes qui agissent contre le vieillissement cellulaire de la peau... Autant de vertus qui intéressent différentes industries. Certes, ces légumes n'ont pas l'aura exotique des molécules achetées dans de lointains pays par les grandes marques de la cosmétique, mais ils détiennent des pouvoirs identiques sur la santé, le bien-être. Pourquoi les fleurons de l'industrie française de la spécialité ne viendraient-ils pas faire leur marché dans le terroir breton?

Un gisement énorme
Premier atout, et postulat de base de la démarche, la région peut garantir un volume d'approvisionnement conséquent. L'étude a recensé le gisement de co-produits végétaux bretons potentiellement valorisables: 230.000 tonnes de sous-produits de légumes frais et 47.000 tonnes de sous-produits facilement collectables dans les usines de transformation de conserve ou de surgelés. Une vingtaine de variétés de légumes et autant de fruits, et quatre types de céréales (blé, sarrasin, orge, maïs) sont concernés. La Sica de Saint-Pol-de-Léon, premier groupement français de producteurs de légumes, a investi dans la société Agrival pour extraire les molécules actives des co-produits de sa production légumière (lire ci-dessous).

Source : Télégramme