La presse française en guerre contre Apple

Publié le 21/01/2011

Apple veut imposer aux éditeurs que tout abonnement passe par iTunes. Inadmissible pour la presse française qui va saisir l'Autorité de la concurrence.

Main dans la main, les quotidiens nationaux, régionaux et magazines français partent en guerre contre Apple qui entend leur interdire de gérer en direct leurs abonnements sur l'iPad et l'iPhone. Concrètement, la firme américaine -- qui n'a toujours rien annoncé officiellement -- va imposer aux éditeurs du monde entier de nouvelles règles : pour vendre une version numérique de tel ou tel titre, il faudra désormais passer par iTunes, sa boutique en ligne. Apple touchera sur chaque numéro vendu ses 30% de commissions.

Inadmissible pour le SPQN
Inadmissible, s'insurge Denis Bouchez, directeur général du Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN) car si Apple met en applications ses menaces, «c'est toute la stratégie des éditeurs de proposer des offres multisupports (papier, web, smartphones, tablettes) qui tombe». Et le numéro2 du SPQN d'ajouter, «si on ajoute aux 30% de commission qu'entend réclamer Apple, les 19,6% de taux de TVA sur les biens numériques, il coûtera plus cher de distribuer son journal en version numérique qu'en version papier !».

Saisir l'Autorité de la concurrence
Les éditeurs français sont résolus à ne pas se laisser faire. Les trois syndicats (presse quotidienne nationale et régionale, presse magazine) vont se tourner vers la ministre de l'Économie Christine Lagarde pour lui demander de saisir l'Autorité de la concurrence sur le comportement d'Apple. En Belgique, le gouvernement s'est déjà dit prêt à une telle démarche pour sa presse.

Apple fait la sourde oreille
La presse française n'est pas à son premier accrochage avec la firme à la pomme. Mi-décembre, les trois syndicats ont déjà écrit à Stéphane Thirion, président d'Apple France, lui demandant au plus vite de le rencontrer afin de débattre de deux points cruciaux : la possibilité pour les éditeurs de vendre un exemplaire 0,99euro -- au lieu de 0,79ou 1,59euro, seuls prix acceptés par Apple à ce jour -- d'une part ; la communication par Appple des coordonnées de l'internaute qui a acheté son journal. A ce jour, Apple qui nous a confirmé l'envoi de ce courrier, n'a même pas accusé réception. Sandrine Bajos