Comment se porte l'agriculture française en 2014 ?

Publié le 25/02/2014

Des marchés porteurs, un vrai potentiel.. mais des paysans qui doutent. État des lieux à l'occasion de l'ouverture, aujourd'hui, du Salon de l'agriculture.



Des champions
Rappelons-le, la France a de sérieux atouts. Dans le lait, tout d'abord, avec quelques champions mondiaux : Lactalis, Bongrain, Danone... De leur côté, les producteurs de sucre ont su, en innovant, réduire l'écart avec leurs concurrents brésiliens. Avec des fonds d'investissement (Unigrains, Sofiprotéol), contrôlés par des filières agricoles, les acteurs agricoles inventent une chimie à base de plantes et qui saura se passer de pétrole. La situation est nettement plus difficile pour les éleveurs.

Ne pas se faire plumer
La poule au pot tous les dimanches. C'était la promesse faite par le roi Henri IV à ses sujets. Engagement tenu par la Ve République. La France est devenue le premier producteur de volailles en Europe. Une place convoitée par l'Allemagne qui a su s'adapter aux nouvelles demandes des consommateurs. Pas le temps de cuisiner. Les Français sont de plus en plus nombreux à acheter filets déjà préparés ou plats cuisinés.
40 % des volailles consommées sont importées. Pendant que la France défendait à Bruxelles les subventions de deux entreprises bretonnes spécialisées dans l'exportation de poulet export congelé, les industriels allemands, hollandais, brésiliens ont fondu avec appétit sur l'hexagone. Selon une étude de l'Itavi (Institut technique de l'aviculture), 87 % de la viande de volaille préparée en restauration collective est importée. Les bâtiments ont 25 ans en moyenne. Trop vieux pour soutenir la comparaison avec nos concurrents. Il est urgent de moderniser les élevages et le secteur de la transformation. « La volaille française ça se défend. » La campagne de pub lancée à l'occasion du Salon de l'agriculture veut lancer la reconquête.

Se nourrir de la croissance mondiale
Avec une progression de ses exportations de 3,3 %, c'est le secteur agroalimentaire qui a le plus contribué, en 2013, à la croissance des exportations françaises. L'excédent est de 11,5 milliards d'euros. Le coq français peut se dresser sur ses ergots ? Oui et non. Ce résultat provient pour l'essentiel des vins et spiritueux. Avec un tel potentiel, la France pourrait faire mieux. Créer des emplois et grignoter des marchés. À condition de gagner la bataille de la valeur ajoutée et de l'export.
Redonner leur place aux paysans
« L'agriculture française déprimerait-elle alors que ses perspectives sont plutôt ensoleillées ? », s'interrogeait, en fin d'année, Jean-Marie Séroni, le directeur du CER (Centre d'économie rurale de la Manche). Citant notamment les investissements chinois en Bretagne et en Normandie, mais aussi Saoudiens. Il aurait aussi pu ajouter les exportations de vaches laitières bretonnes vers le Koweït. « Une partie de la réponse tient dans notre capacité à lire notre environnement », ajoutait-il.
À condition de redonner aux paysans leur place dans la chaîne alimentaire. « Sur 100 EUR de dépenses alimentaires, huit euros vont à l'agriculture », constatait l'Observatoire des marges dirigé par Philippe Chalmin dans son rapport de 2012. Un peu maigre.

Source Ouest France