La CNIL a l'oeil sur le profilage des consommateurs dans les magasins

Publié le 25/08/2014

Les analyses comportementales dans les supermarchés sont sous les yeux de la CNIL. Que ce soit les panneaux publicitaires capables de mesurer l'audience ou le traçage des comportements via les téléphones portables, l'autorité vient de rappeler les règles à suivre.

Celle-ci évoque notamment les panneaux publicitaires équipés de caméra qui permette de mesurer l'audience ou la fréquentation du magasin. « Situées, par exemple, dans des galeries commerçantes, ces dispositifs reposent sur des caméras placées sur des panneaux publicitaires. Ils permettent de compter le nombre de personnes qui regardent la publicité et le temps passé devant celle-ci, d'estimer leur âge et leur sexe, voire d'analyser certains comportements (en suivant par exemple les déplacements du regard de la personne sur les différentes parties de la publicité). »

La CNIL rappelle que ces dispositifs sont soumis à son autorisation depuis la loi du 12 juillet 2010 (Grenelle 2). « Tout système de mesure automatique de l'audience d'un dispositif publicitaire ou d'analyse de la typologie ou du comportement des personnes passant à proximité d'un dispositif publicitaire est soumis à autorisation de la Commission nationale de l'informatique et des libertés » prévient l'article L. 581-9 du code de l'environnement, installé par cette loi.

Selon l'encadrement prévu par la CNIL, « ces mesures pour garantir l'anonymat des personnes doivent être mises en oeuvre : les images ne doivent pas être enregistrées, ni transmises à des tiers, ni même visibles par les prestataires qui proposent ces dispositifs à la vente ou à la location. Elles doivent être traitées uniquement " à la volée " ». De même, le public doit être clairement informé de ces yeux électroniques d'autant les données doivent en principe être anonymisées immédiatement et que le droit d'accès ou de rectification ne s'appliquent donc pas.

Tracer le parcours d'un client dans un magasin

Les supports publicitaires ne sont pas les seuls à être auscultés par la CNIL. Celle-ci s'intéresse tout autant aux mesures effectuées dans les magasins via des boitiers spécifiques capables de tracer le parcours d'un client. « Dans un centre commercial, par exemple, des boîtiers captent les données émises par le téléphone portable (adresses MAC de la carte réseau par exemple) et calculent la position géographique des personnes. Ces systèmes permettent d'établir des statistiques de fréquentation, pour savoir combien de personnes ont fréquenté un centre commercial tel jour et à telle heure, mais aussi avoir connaissance des trajets d'une même personne à l'intérieur du centre ».

Là encore la CNIL exige que ces mesures soient supprimées dès que le chaland sort du magasin. À défaut, elle exige que « l'algorithme d'anonymisation utilisé doive assurer un fort taux de collision, c'est-à-dire qu'un identifiant en base doit correspondre à de nombreuses personnes. L'utilisation d'un tel algorithme permet notamment d'estimer les taux de retour des personnes dans un magasin avec un taux d'erreur non préjudiciable pour le commerçant tout en permettant d'assurer le respect de la vie privée de ses clients. »

La collecte et la conservation de données non anonymisées doivent dans tous les cas être précédés du consentement des personnes ainsi traquées. « Ce consentement doit se manifester par une action positive (par exemple, accoler son téléphone sur un boitier spécifique) » prévient encore l'autorité de protection des données personnelles.

Source : NextINpact