Le Crédit Mutuel-CIC veut intégrer les cartes de fidélité aux cartes bancaires

Publié le 01/10/2014

Le groupe mutualiste va déployer « Fid et Moi » d'ici à la fin de l'année dans le réseau du CIC. Cette solution doit permettre aux petits commerçants de renforcer leurs relations avec leurs clients.

Imaginez un consommateur dont la carte bancaire intégrerait ses cartes de fidélité. Lors de chaque passage en caisse chez un de ses commerçants préférés, le terminal de paiement (TPE) du magasin reconnaîtrait sa carte bancaire et déduirait immédiatement du montant de la facture du client promotions et autres réductions qui lui auraient été promises par le marchand. Ce scénario n'est pas loin de se concrétiser en France : le Crédit Mutuel-CIC va ainsi déployer dans les prochaines semaines, dans une zone de chalandise du sud de la France, une solution de ce type baptisée « Fid et moi » et présentée vendredi dernier à la conférence annuelle de l'Efma sur les paiements de détail.

Le groupe bancaire mutualiste a développé cette nouvelle offre, qui sera d'abord déployée auprès des petits commerçants clients du CIC, sur la base de la plate-forme de Welcome Real Time. C'est ce logiciel qui permet de proposer des offres spéciales, des échanges de points ou d'autres informations en temps réel aux consommateurs sur le lieu de vente. Pour en bénéficier, le commerçant devra intégrer dans son TPE existant une application qui permet de lier les cartes bancaires de ses clients au programme de fidélité, qu'il pourra par ailleurs gérer sur un portail Internet accessible via sa tablette ou son PC connecté faisant office de caisse digitale. Tout cela sans avoir besoin d'investir dans de nouveaux matériels.

Revenus supplémentaires

Le coût de ce service évoluerait toutefois dans une fourchette de 10 à 20 euros par mois pour les commerçants de proximité. Cela renchérirait ainsi de 20 % au bas mot le coût du terminal de paiement loué par ces acteurs à leur banque. Mais le CIC estime que si 40 % des petits commerçants disposent déjà d'un programme de fidélité, ils ne bénéficient ni d'outils de reporting ni d'exploitation des données de leur base clients comme ceux de « Fid et Moi ». Ils ne peuvent donc pas faire vivre ces programmes. Sans compter que les cartes de fidélité en carton ou en plastic sont peu utilisées. Selon la présentation faite vendredi par le Crédit Mutuel-CIC, 75 % des consommateurs disposent d'au moins une de ces cartes mais 55 % les oublient chez eux ou ne les présentent pas lors de leur passage en caisse.

S'il fait mouche, le CIC pourrait mettre la main sur 1,5 à 3 millions d'euros supplémentaires puisqu'il compte dans son portefeuille de clients près de 150.000 petits commerçants. « Compte tenu de la déréglementation du marché des paiements, qui a été propice à l'arrivée de nouveaux concurrents, et de la baisse des commissions d'interchange, les banques cherchent à compenser la baisse de leurs revenus sur ce marché. Fournir des services à valeur ajoutée aux commerçants et les monétiser constitue une piste très sérieuse pour l'ensemble des acteurs bancaires », souligne Philippe David, directeur général de Welcome Real Time. Selon nos informations, le Crédit Agricole testerait notamment une offre comparable à celle du CIC.

Au-delà des revenus supplémentaires, les banques espèrent ainsi protéger leur portefeuille de clients commerçants courtisés par des offres concurrentes d'acteurs non bancaires. « Fid et Moi » viendrait dans cette optique compléter, côté carte, Fivory, le service de shopping connecté avec un mobile du Crédit Mutuel-CIC, en cours d'expérimentation à Boulogne-Billancourt.

Source : Ninon Renaud, Les Echos