Expo Milan 2015 : comment nourrir 9 milliards d'humains après-demain ?

Publié le 05/05/2015

Un des défis de l'Expo universelle de Milan : réduire dès aujourd'hui les inégalités alimentaires pour assurer l'alimentation des prochaines générations.

En proposant comme thème "Nourrir la planète, énergie pour la vie", c'est à la survie de la planète, et à celle de la race humaine, que l'Exposition universelle de Milan invite à réfléchir. Une question que nous ne laisserons pas en héritage à nos enfants mais qui se pose en réalité dès aujourd'hui.

Cent quarante-cinq pays réunis à Milan

Selon la FAO, 805 millions d'êtres humains, dont 150 millions d'enfants, souffrent gravement de la faim. Deux milliards d'individus sont malnutris et un milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable. Des chiffres intolérables alors que 1,3 milliard de tonnes de nourriture, un tiers de la production mondiale, sont gâchées chaque année. À l'exact opposé de tous ces affamés, un milliard d'individus souffrent de maladies liées à l'excès de nourriture : obésité, diabète et maladies cardiovasculaires. La terre est encore suffisamment généreuse pour nourrir tous ses enfants, mais ses ressources doivent être mieux réparties. Il était donc fondamental que pays riches et pays pauvres participent au forum sur ce thème organisé dans le cadre de l'Expo universelle 2015. Au total, ce sont pas moins de 145 pays qui seront présents à Milan, des États-Unis à l'Érythrée, de la France au Gabon, du Japon à la Sierra Leone. Les pays les plus pauvres ont pris place dans des pavillons communs organisés par thème : le riz, le chocolat, les épices...

C'est après-demain, à l'horizon des années 2050, que les perspectives changent. La population mondiale sera alors passée de six milliards aujourd'hui à neuf milliards, soit un tiers de plus. Les progrès en agronomie devraient permettre de nourrir l'humanité, mais nos descendants devront changer leurs menus. Dès aujourd'hui, si tous les Chinois et tous les Indiens avaient les mêmes habitudes alimentaires que les pays occidentaux (100 kilos de viande par an), il faudrait augmenter de 50 % le cheptel mondial. Avec de dramatiques conséquences pour l'écosystème de la planète. Ainsi 20 000 litres d'eau sont nécessaires pour produire 1 kilo de viande, alors que 1 000 litres suffisent pour un kilo de céréales. Le bifteck est un luxe, il va falloir s'y habituer.

Donner une âme à l'Expo

L'alimentation de nos enfants dépendra également de leurs capacités à revendiquer le droit à la nourriture pour tous, la sauvegarde de la biodiversité, l'économie de l'eau, la lutte contre le réchauffement de la planète, le maintien d'une agriculture de proximité, une refonte des modes de production et une distribution qui évite le gâchis. Mieux produire pour mieux manger et n'oublier personne. Autant d'engagements réunis dans une charte en dix points qui sera officiellement confiée au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, le 18 octobre prochain. Un texte ambitieux et visionnaire, que les visiteurs seront invités à souscrire dans l'espoir qu'il ne reste pas lettre morte. Un risque dénoncé par Carlo Petrini, le fondateur de Slow Food, le mouvement de défense d'une agriculture écologique et équitable. "Plus qu'une agora des idées, l'Expo sera une foire agroalimentaire sponsorisée par les géants de ce secteur. Slow Food a invité des milliers de petits agriculteurs ou pêcheurs en provenance du monde entier à venir témoigner auprès des visiteurs. Ce seront eux qui donneront son âme à l'Expo."

Source : Le Point.fr