Crise des éleveurs. Qui est responsable de la baisse des prix ?

Publié le 23/07/2015

Les éleveurs en colère réclament un prix rémunérateur et pointent la grande distribution responsable de cette crise sans précédent.

Qui, de l'industrie ou de la grande distribution, souvent visée, freine la hausse des prix de la viande et du lait payés aux éleveurs ?

Une hausse qui n'a pas vraiment eu lieu

Le 17 juin, lors d'une table-ronde organisée sous l'égide du ministère de l'Agriculture, les participants, distributeurs comme abatteurs se sont engagés à augmenter progressivement les prix des bovins abattus.

Le ministre de l'Agriculture avait alors annoncé une revalorisation des prix payés aux producteurs de 5 centimes par semaine, renouvelée pour atteindre les coûts de revient, soit en moyenne 4,50 euros le kilo/carcasse. Contre un cours actuel en moyenne de 3 euros à 3,40 euros, selon la FNSEA.

Les 5 centimes de hausse hebdomadaires ont cependant été annoncés un peu trop rapidement pour certains, alors que les modalités étaient loin d'être partagées par tous.

De fait, un mois plus tard, les cours de la viande bovine n'ont augmenté que de 7 centimes - bien loin des 20 centimes attendus par les éleveurs.



La faute à qui ? Distributeurs et industriels se rejettent la responsabilité. Pour y voir plus clair, Stéphane Le Foll a demandé au médiateur des relations commerciales agricoles de rendre un rapport « indépendant » sur la réalité des prix payés aux éleveurs.

« On a tenu nos engagements »

« On a tenu nos engagements : on a acheté plus cher », mais « ce n'est pas le cas du côté des abattoirs », a déclaré sur BFM Business Jacques Creyssel, le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution, (FCD, qui regroupe les principales enseignes sauf Leclerc et Intermarché).

Le problème ces dernières semaines vient davantage des industriels qui transforment la viande que de la grande distribution, estime lui aussi Jean-Yves Heurtin, président de la FDSEA du Calvados après des visites récentes dans les grandes surfaces.

Les distributeurs « nous ont sorti les factures : les prix auxquels ils achètent la viande ont augmenté. Cela veut dire que les transformateurs leur ont vendu plus cher, mais qu'ils n'ont pas répercuté cette hausse sur les éleveurs », puisque le prix payé aux producteurs n'a que faiblement augmenté, analyse-t-il.

« On a du mal à avoir une visibilité sur le jeu des différents acteurs », nuance le président des Jeunes agriculteurs Thomas Diemer.

« Quand une enseigne nous dit qu'elle a payé 340 euros (les 1 000 litres) de lait, ce n'est pas ce qu'a touché le producteur. D'un autre côté, quand on demande à voir les factures, la distribution refuse de nous les montrer au nom de la confidentialité des contrats... », assure-t-il.

Une baisse de prix captée par les GMS

Coté industriels, on répugne à s'exprimer ouvertement, bien conscient de l'extrême tension qui règne. Mais une source haut placée remarque que l'accord du 17 juin manquait pour le moins de précision et que la grande distribution s'abstient de préciser sur quels morceaux elle applique des hausses de prix.

Il faut également noter que l'observatoire de la formation des prix avait souligné pour l'année 2014 un mouvement inverse. La marge brute de l'industrie avait alors faiblement augmenté selon l'Observatoire: la grande distribution avait conservé 28 des 33 centimes de marge obtenus sur les éleveurs. « La baisse du prix industriel (avait alors) été captée par la distribution », concluait l'Observatoire.

Source : Ouest France