40 ans d'Apple : Ron Wayne, le fondateur oublié

Publié le 01/04/2016

Vous n'avez jamais entendu parler de lui. Pourtant, aux côtés des deux Steve, Jobs et Wozniak, il y a quarante ans, jour pour jour, il a cofondé Apple.

Le géant de Cupertino souffle ses 40 bougies en ce 1er avril, mais qui a entendu parler de Ron Wayne ? La légende de la musique se rappelle, parfois, du cinquième Beatles, Pete Best. Celle de la high tech a entièrement oublié le troisième homme à l'origine de la saga Apple. Pourtant, sans lui, la marque à la pomme n'aurait sans doute jamais vu le jour. Et son nom et sa signature figurent bien sur les documents fondateurs de l'entreprise, signés le 1er avril 1976.

Collègue de Jobs chez Atari

Aujourd'hui âgé de 81 ans, Ronald G. Wayne habite à près de 800 kilomètres de Cupertino, dans une petite maison banale, à Pahrump, petite ville de 35 000 habitants, dans le désert du Nevada. Mais il y a 40 ans, les choses étaient différentes : Ron Wayne avait 41 ans, travaillait en tant que programmeur chez Atari, un des plus grands noms de l'électronique d'alors. Il conseillait souvent un jeune collègue prometteur : un certain Steve Jobs.

La question la plus importante que Jobs lui ait posée ? « Pourrais-tu m'aider à rendre Steve Wozniak un tant soit peu raisonnable ? » « Amène-le à la maison, on s'assiera et on discutera », lui aurait répondu Wayne. Une réponse qui allait changer à jamais le visage de l'informatique grand public. Wozniak et Jobs, tous deux membres du Homebrew Computer Club, rêvaient de fabriquer des PC, des ordinateurs véritablement personnels. Et à ce petit jeu, le génie n'était pas Jobs, mais « Woz », lui qui assembla l'Apple 1. À l'autre Steve le génie du marketing, la vision du marché. Et, dans son idée, Woz devait travailler exclusivement avec lui, ce qui n'était guère compatible avec son esprit généreux et ouvert... « Jobs pensait que je serais plus diplomate que lui, a confié Ron Wayne à la BBC. Il voulait voir avec Wozniak comment produire (l'Apple 1), alors que ce dernier faisait tout cela par pur plaisir. Il n'avait aucune idée de business, de règles du jeu. »

Ce jour-là, la diplomatie de Wayne portera ses fruits. Et en moins d'une heure de discussion, le principe était acté : ils allaient créer une entreprise, Apple Computer Company. À Jobs et Wozniak 45 % du capital chacun, les 10 % restant étant pour Wayne. Un rôle de juge de paix entre un ego et un créateur, mais surtout d'adulte de l'affaire. Car à côté de deux jeunes créateurs, Wayne était un homme établi, avec un vrai job, une maison, un compte en banque et... une ligne de téléphone fixe !

Actionnaire durant 12 jours

Il faut imaginer la valeur de ces 10 % du capital d'Apple aujourd'hui, alors que la société est actuellement valorisée en Bourse à hauteur de 62 milliards de dollars. Pourtant, seulement douze jours plus tard, Wayne revendra ses parts. Pourquoi ? Pour ne pas être responsable... des dettes de la société ! « J'avais de très bonnes raisons pour cela, et je ne l'ai jamais regretté », a-t-il récemment confié dans un entretien avec CNN Money. La première commande de 50 machines Apple avait en effet été passée par une petite chaîne de boutiques d'informatique, the Byte Shop, peu réputée pour sa fiabilité. Alors qu'Apple avait dû emprunter 15 000 dollars pour produire ses premières machines, les trois cofondateurs auraient été aussi coresponsables en cas d'impayé. L'histoire s'est finie autrement, mais Ron Wayne l'aura regardée s'écrire sans lui. Au final, l'aventure Apple lui aura quand même rapporté quelques dizaines de milliers de dollars, dont 1 500 dollars pour avoir dessiné le premier logo d'Apple, retoqué par Steve Jobs, et 500 en revendant son exemplaire original du contrat de création de la société. Son seul vrai regret.

Source : LePoint