La pub débarque sur France Inter, France Info et France Bleu

Publié le 06/04/2016

Si les radios privées y sont hostiles, le groupe public Radio France réclamait l'autorisation de la publicité pour accroître ses ressources.

La révolution publicitaire est en marche sur les radios publiques. Du moins sur trois d'entre elles. France Inter, France Info et France Bleu peuvent désormais, comme les radios privées, diffuser des publicités commerciales, selon un décret paru ce mercredi 6 avril au Journal officiel. La durée des publicités sera limitée sur chaque antenne publique à 17 minutes par jour en moyenne par trimestre, ce qui signifie que la durée des spots peut varier d'un jour à l'autre. Dans la matinale (7 heures-9 heures), les spots ne peuvent dépasser trois minutes par jour en moyenne annuelle et huit minutes pour un jour donné. Ces limitations de durée ne concernent ni les messages publics ou caritatifs, ni les promotions dans le cadre d'échanges pour des événements culturels ou sportifs, par exemple pour un festival dont la radio est partenaire. Il faudra aussi désormais un jingle publicitaire, « un indicatif sonore aisément identifiable » avant chaque séquence de publicité. Les parrainages d'émissions par des sponsors commerciaux sont autorisés, sauf pour les journaux, les émissions d'information et les chroniques d'opinion. Pour éviter l'omniprésence d'une marque, Radio France ne pourra tirer ses recettes publicitaires à plus de 15 % d'un même annonceur.

« Chaque spot n'excédera pas une minute et trente secondes, ce qui était une proposition du CSA », précise la nouvelle ministre de la Culture et de la Communication Audrey Azoulay, dans une interview au Figaro . « Ce dernier proposait que la publicité soit absente de Fip, France Musique et France Culture. Le gouvernement ajoute Mouv" » à la liste. Enfin, comme le demandait le CSA, un rapport, public, sera publié chaque année. Nous sécurisons une ressource importante pour Radio France, sans dénaturer ses antennes. » Radio France, et tout particulièrement son PDG Mathieu Gallet, réclamait l'autorisation de la publicité afin d'accroître les ressources du groupe dans un contexte budgétaire difficile. Aujourd'hui, la « pub » ne pèse que 6 % du budget de Radio France (soit 42 millions pour 2016), sur un budget total de plus de 690 millions, attendu avec un déficit de 16,5 millions cette année.
Radios privées hostiles

Les radios publiques n'avaient jamais été autorisées à accepter les spots de marques commerciales. Depuis 1987, elles pouvaient uniquement accepter des « messages de publicité collective ou d'intérêt général », comme ceux des groupes publics, des mutuelles ou des administrations. D'autre part, pour éviter de trop concurrencer les radios privées, ne sont pas autorisées les promotions occasionnelles, nationales ou locales qui constituent souvent la majorité des spots sur les radios privées. Sont interdits aussi les spots pour les boissons alcoolisées de plus de 1,2 degré (donc ni vin ni bière).

Les radios privées étaient fermement hostiles à la réforme, qui survient dans un contexte de crise : les investissements publicitaires en radio ont baissé de 2,4 % en 2015. Dans un an, un rapport public fera le bilan des volumes horaires effectivement diffusés sur les stations publiques. Conséquence de la réforme : pour la première fois, France Télévisions et Radio France ont annoncé mercredi qu'ils proposeraient aux annonceurs de réaliser des campagnes publicitaires couplées à la fois sur les radios et les chaînes de télé publiques. Les groupes publics parviendront-ils à rafler une grosse portion du marché publicitaire aux sociétés privées ?

Source : Le Point