Les 3 bougies de "Vanity Fair", le e-commerce de Condé Nast et le mystère "Wired"

Publié le 17/05/2016

Pour Michel Denisot, "Vanity Fair s'est imposé dans le paysage médiatique français". Xavier Romatet, PDG de Condé Nast France, dévoile d'autres projets.



Lancé en France en juin 2013, Vanity Fair fête ses trois ans avec une bonne nouvelle : le magazine mensuel vient d'atteindre l'équilibre financier. Son actionnaire américain Condé Nast se laisse encore cinq ans pour récupérer son investissement. Environ 15 millions d'euros avaient été déboursés pour son lancement en grande pompe. « Vanity Fair s'est imposé dans le paysage médiatique français comme le magazine du glamour et de l'investigation approfondie », se félicite Michel Denisot, le directeur de la rédaction qui entend « rempiler pour une quatrième année ». « Nous avons été les pionniers des papiers longs », renchérit Xavier Romatet, patron de Condé Nast France (environ 100 millions d'euros de chiffre d'affaires), qui édite la revue. La diffusion de Vanity Fair a chuté de 7 % en 2015, à 94 000 exemplaires, après avoir atteint le seuil des 100 000 en 2014. Xavier Romatet ne se bute pas sur ce seuil, car la publicité représente 70 % des revenus du titre, notamment un fort dynamisme sur le numérique, grâce aux annonceurs mode et beauté. Le patron se félicite plutôt d'un objectif de 30 000 abonnés d'ici la fin de l'année (contre 26 000 aujourd'hui). « Après 3 ans, la marque Vanity Fair est bien installée. Nous la déclinons aujourd'hui avec un hors série Vanity Fair Classics, une newsletter culturelle en juin et un événement à la fin de l'année », annonce-t-il.
Le mystère Wired bientôt dévoilé

Condé Nast est l'un des rares groupes de presse a avoir lancé autant de titres ces dernières années : AD en 2000 (déco, archi et design), Glamour en 2004 (féminin), GQ en 2008 (masculin) et Vanity Fair en 2013. Aujourd'hui, les observateurs l'attendent sur la déclinaison française du magazine américain Wired. Déjà présent au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie, ce titre pour les technophiles met en scène la manière dont la tech change nos vies. Il n'existe pas vraiment d'équivalent papier en France, sauf sur le Web peut-être le Journal du Net (groupe Le Figaro). « Nous avons lancé une réflexion en janvier et nous déciderons cet été 2016. Si Condé Nast lance Wired en France, ce sera en 2017. Mais il faut d'abord être sûr de pouvoir rentabiliser cette très belle marque, notamment autour du digital et de l'événementiel », explique Xavier Romatet.
Style.com, un site de commerce électronique

Cette année, le projet phare de Condé Nast est le lancement d'un site de commerce électronique autour des magazines du groupe. « Nous lançons en septembre la plateforme Style.com avec le Royaume-Uni en marché test et uniquement connectée sur deux nos marques GQ et Vogue. » Concrètement, un lecteur qui lit un de ces deux magazines en format numérique et voit un produit qui l'intéresse, un sac par exemple, pourra cliquer dessus. Il se verra proposer de l'acheter. Style va commencer avec 300 marques partenaires. «Pour Condé Nast, c'est une nouvelle activité. C'est nous qui vendons. Nous avons une équipe de 150 personnes à Londres qui travaillent dessus », précise Xavier Romatet. En fonction des résultats, l'objectif est de faire de Style une plateforme mondiale.

Le groupe américain est déjà habitué à s'investir dans des business périphériques à la presse. Condé Nast compte ainsi une quinzaine de restaurants dont un GQ Bar à Moscou et Istanbul et est présent dans la formation avec le Condé Nast College de mode et design à Londres. Le succès passe par là, estime Xavier Romatet, qui prédit : « Les groupes de presse qui s'en sortiront sont ceux capables de créer un éco-système complet autour d'une marque attractive de référence qui combine le print pour l'influence, le digital pour la puissance et l'événementiel pour la présence ». À bon entendeur !

Source : LePoint