Des prix agricoles stables en 2016 mais une grande volatilité

Publié le 12/04/2017

Les prix agricoles sont restés stables en 2016, mais ont été marqués par une grande volatilité alors que les prix à la consommation alimentaire ont stagné, a révélé mardi le rapport de l'Observatoire des prix et des marges.

La grande nouveauté sur les quinze dernières années en France comme en Europe, c'est le passage des prix agricoles du stable à l'instable avec la disparition des instruments communautaires de stabilisation des marchés agricoles, à l'exception de quelques mécanismes d'urgence de moins en moins adaptés, a souligné mardi l'économiste Philippe Chalmin, président de l'Observatoire, lors d'une conférence de presse.

Tous produits agricoles confondus, la moyenne des prix à la production agricole stagne à +0,3% en 2016 par rapport à 2015, alors qu'ils avaient perdu 2,4% en moyenne en 2015 et 5,3% en 2014.

Ces chiffres recouvrent toutefois des réalités bien différentes selon les filières, puisque les prix du lait, de la viande bovine, et du blé tendre comme dur ont reculé, tandis que les prix à la production du porc et des fruits et légumes ont augmenté et que ceux de la volaille sont restés stables.

Il n'y a pas beaucoup de producteurs agricoles qui, aujourd'hui, couvrent la réalité de leurs coûts de production, a également constaté le président de l'Observatoire.

A l'autre bout de la chaîne, le consommateur final est de moins en moins conscient de cette instabilité, car les prix alimentaires font eux preuve d'une étonnante stabilité, avec une hausse de 0,7% en 2016 et de 0,5% en 2015, a-t-il ajouté.

Ainsi, le lait a connu une baisse moyenne à la production de 7,3% sur un an quand l'évolution du prix d'achat moyen pondéré des produits laitiers en GMS (supermarchés et hypermarchés) a progressé de 1%.

Concernant les produits carnés, les prix à la production des bovins a baissé de 4%, en raison de l'augmentation de l'abattage des vaches laitières, tandis que ceux du porc ont progressé de 3% sous l'effet d'un rebond inattendu de la demande chinoise. En revanche, les prix au détail en GMS sont restés quasi stables pour le boeuf (+0,2%) et ont faiblement baissé pour le porc.

- guerre des prix -

Cette situation s'accompagne d'une véritable guerre des prix entre les principaux acteurs de la grande distribution, alors même qu'un appareil législatif et réglementaire conséquent ne parvient pas à pallier l'absence de confiance entre les différents acteurs des filières, selon le sixième rapport de cet observatoire indépendant.

Pour le président des Chambres d'agriculture Claude Cochonneau, dans le contexte actuel de deuxième année consécutive de crise, une véritable coopération doit émerger entre les différents acteurs des filières, alors que le jeu concurrentiel ou les relations conflictuelles perdurent entre les agriculteurs, le secteur industriel et la distribution, et continuent de causer un préjudice insoutenable pour les agriculteurs.

Sur 100 euros dépensés par un consommateur dans les rayons alimentaires, seulement 6,2 euros reviennent à l'agriculteur, a dénoncé dans un communiqué le syndicat des Jeunes agriculteurs, pour qui l'organisation de l'offre est le principal chantier de travail pour la profession: se regrouper pour peser davantage dans les négociations commerciales et défendre un prix juste est la seule issue pour survivre à cette guerre des prix.

La FNSEA, premier syndicat agricole français, a pour sa part déclaré que l'exigence de transparence (était) impérative pour contribuer à des règles du jeu équilibrées.

M. Chalmin a fait remarquer mardi lors de sa présentation que l'Observatoire ne disposait pour l'instant que des données 2015 pour calculer les marges nettes des rayons de la grande distribution, voire des années précédentes pour l'industrie.

Fin mars, l'Observatoire a saisi les tribunaux de commerce de Rennes et Laval afin qu'ils enjoignent à Lactalis de publier ses résultats, conformément à la loi Sapin II.

Source : Boursorama