Intermarché en remet une couche. Lancée dans une campagne de prix ultra-agressive, l'enseigne propose actuellement, dans ses rayons, des paquets de 86 couches Pampers à 7,18 euros au lieu de 23. Renversant. Une promo à provoquer ces scènes où les clients jouent des coudes pour obtenir le plus de lots possible. Déjà, la semaine dernière, Intermarché avait « bradé » des pots de Nutella de 950 g à 1,41 euro, au lieu de 4,50 euros. Dans les deux cas, une « super-offre » à 70 %. Et cela n'est pas fini, les Mousquetaires étant engagés dans une vaste opération promotionnelle jusqu'au 11 février, baptisée « Les 4 semaines les moins chères de France ».
En tout, ce sont plus d'une centaine de produits de grande consommation qui sont bradés par Intermarché, à des quantités limitées, grâce à des offres alléchantes : remises de 70 %, rabais sur le deuxième produit identique acheté, des 2 + 1 gratuits, etc. L'offre évolue, de semaine en semaine. Mais, toujours, avec l'objectif d'afficher des prix incroyablement bas. « Dans le milieu de la grande distribution, nous sommes tous surpris par ces niveaux de prix », commente pour le Point.fr un spécialiste du secteur.
Nouvelle loi
Dans la guerre des prix, qui oppose constamment les industriels et les enseignes, Intermarché (22 milliards de chiffre d'affaires en 2016 hors carburants) avançait, ces dernières années, ses pions discrètement, loin de la première ligne, où campent les généraux du réseau Leclerc. Mais Intermarché, fondée par des dissidents de Leclerc, aurait-elle décidé de renouer avec ses « origines » de casseur de prix ? Ou y aurait-il des tensions au sommet de cette enseigne, à la gouvernance si complexe ?
« Avec les émeutes au Nutella, ils ont déjà attiré l'attention sur eux. Ils auraient dû suspendre leurs promotions, mais non, ils persistent. Mercredi (31 janvier), le gouvernement présente un texte issu des États généraux de l'alimentation. Nous sommes dans la ligne de mire de Macron », confie un concurrent d'Intermarché. « Nous sommes incapables de nous réguler entre acteurs, nous nous détestons tellement... » L'exécutif souhaite du coup légiférer pour limiter les promotions sur les produits alimentaires à hauteur de 34 %. Les enseignes seraient ainsi contraintes de revendre au minimum un produit alimentaire au prix où elles l'ont acheté majoré de 10 %, pour couvrir les frais de logistique et de transport.
Enquête des fraudes
C'est dans le cadre de ces discussions que les représentants des différentes enseignes étaient reçus, il y a deux semaines, à Bercy. Ils s'étaient d'ailleurs fait tancer par Bruno Le Maire et Stéphane Travert. Le ministre de l'Économie leur avait reproché des promotions en cours sur des bouteilles Perrier, avec un rabais de 70 %, et cela se passait chez... Intermarché, qui donnait ainsi le coup d'envoi de ses « 4 semaines les moins chères de France. » L'enseigne nous a indiqué son souhait de poursuivre cette campagne.
Contactée par Le Point, la Répression des fraudes (DGCCRF) a indiqué « mener une enquête concernant les opérations promotionnelles proposées par Intermarché pour s'assurer qu'elles respectent le cadre réglementaire en vigueur ». Il s'agit pour ses agents de vérifier que le Code de commerce et celui de la Consommation ont été bien respectés. Et tous les concurrents d'Intermarché vont être attentifs aux conclusions de l'enquête. En effet, si les Fraudes assuraient que les Mousquetaires ont bien respecté les règles commerciales pour cette campagne de promotion, cela voudrait dire que les prix peuvent être encore plus tirés vers le bas... « Cela paraît incroyable », avance un distributeur. Quant aux industriels, ils tremblent, car ce serait le début d'une nouvelle guerre des prix avec les magasins.
Source : LePoint.fr