Coca-Cola, Nutella : les prix de centaines de produits alimentaires augmentent

Publié le 31/01/2019

VIDÉO. Dès vendredi, de nombreux produits alimentaires de grandes marques vont voir leurs prix en hausse. Une conséquence de la loi alimentation.

Attention, il v a y avoir du changement dans les rayons de supermarchés dès le 1er février. Malgré la grogne persistante des Gilets jaunes sur le pouvoir d'achat, des centaines de produits alimentaires de grandes marques, dits produits psychologiques, vont voir leurs prix fortement augmenter. À l'inverse, les prix des marques de distributeurs devraient, eux, connaître une baisse. Cet « ajustement » est dû au relèvement à 10 % du « seuil de revente à perte » imposé par la toute récente loi alimentation. Il s'agit là d'un pari pour la défense de l'agriculture. Le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, l'a admis mercredi matin : le 1er février, ces hausses de tarifs vont intervenir sur 4 % des produits alimentaires de grande consommation, avec des marques aussi connues que le Nutella, le Ricard ou le Coca-Cola.

Le gouvernement compte ainsi obliger les distributeurs à vendre même leurs produits d'appel à des prix supérieurs d'au moins 10 % à ceux auxquels ils les ont achetés, et à cesser les ventes à perte. L'État espère que la distribution pourra ainsi mieux rémunérer les producteurs issus des filières agricoles et aquacoles, qui étouffent et disparaissent, régulièrement rémunérés en dessous de leur prix de revient. Car paysans et producteurs sortent chaque année K.-O. debout de la négociation rituelle des prix qui se tient d'octobre à fin février, face aux géants de l'agroalimentaire et surtout aux puissantes centrales d'achat de la distribution.

Quelque 500 produits affectés dans les supermarchés

« Ce que je demande aux grandes surfaces, c'est de trouver le moyen de répartir les marges différemment, de mieux répartir les choses mieux. L'objectif est que les produits agricoles soient vendus à leur juste valeur », a dit le ministre. Dans les supermarchés, « 500 produits sur 13 000 » devraient augmenter vendredi, alors que, dans les hypermarchés, « c'est 800 produits sur 20 000 » qui sont concernés, a-t-il ajouté. « Lorsque les gens achètent de la viande, du poisson », les prix « seront protégés, contrairement à avant », a-t-il assuré, « surtout sur les marques de distributeurs (MDD) ». « Ce qui m'importe, c'est que les consommateurs et les agriculteurs s'y retrouvent. »

« Ce sont les produits de nos régions, pressurisés par les centrales d'achat, qui payent la distribution du Coca-Cola ou du Nutella », se sont insurgés mercredi les syndicats agricoles FNSEA et JA, favorables à la loi. Message reçu par la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), regroupant tous les acteurs de la distribution à l'exception de Leclerc. « Ce sur quoi tous les acteurs économiques, sauf Leclerc, se sont mis d'accord, c'est qu'il faut changer le système de façon à ce qu'on revienne à des prix normaux et que ça permette d'améliorer le sort des agriculteurs. Et, de ce point de vue, je trouve qu'il n'y a rien de choquant à ce que le prix du Ricard puisse augmenter un peu si ça permet d'augmenter le prix payé aux éleveurs laitiers pour un litre de lait », a réagi le délégué général de la FCD, Jacques Creyssel, auprès de l'Agence France-Presse.
Du changement aussi chez les distributeurs  ?

« Le consommateur verra bien, quand l'ensemble de tout cela sera terminé, dans quelques mois, qu'en réalité c'est une opération positive pour tous », a-t-il jugé. Selon lui, plusieurs enseignes ont déjà annoncé dans la presse, en compensation, des baisses de prix sur leurs MDD. Interrogé sur France 3 dans la soirée, Michel-Edouard Leclerc a ainsi confirmé : « Face aux hausses qu'on nous impose, on va compenser en prenant sur nos marges et en faisant bénéficier le consommateur sur nos MDD. » « Chez nous comme chez nos concurrents, on essaie d'en diminuer l'impact tout en restant légalistes : on va faire des remises, créditer les cartes de fidélité », a-t-il ajouté, rejoignant en cela Carrefour qui a promis mercredi des primes « grandes marques » et des primes « fidélité ». Une façon pour les enseignes de redorer leur image tout en améliorant la fidélisation de leurs clients en proposant des avantages ciblés sur des produits « préférés », selon Cédric Chéreau, spécialiste de la promotion en grande distribution.

Un élément concret reflète le début du changement d'attitude dans cette guerre de tranchées : la multiplication d'accords très médiatisés entre géants de la distribution et géants laitiers, permettant une revalorisation des prix du lait payés aux éleveurs français. Après Bel et Intermarché, puis Lidl, la laiterie de Saint-Denis-de-l'Hôtel et les producteurs de lait du bassin Centre mi-décembre, suivis de Leclerc et Danone le 2 janvier, c'est Leclerc et Lactalis qui ont annoncé mercredi un accord portant sur les prix de 200 millions de produits laitiers. À un mois de la fin des négociations commerciales, les ministres feront le point le 7 ou le 8 février à Bercy autour de Bruno Le Maire et Didier Guillaume, des acteurs de la distribution, de l'agroalimentaire et des producteurs. « On constate de vrais changements positifs pour mieux rémunérer certaines filières organisées, comme le lait, mais, dans le secteur de la viande, cela ne part pas très bien », soulignait une source au ministère de l'Agriculture mercredi.

Source : LePoint