Dans quels départements les consommateurs achètent-ils le plus de produits bio?

Publié le 16/05/2019

La proportion de produits labellisés AB dans les caddies est quatre fois plus importante à Paris que dans l'Aisne, le Pas-de-Calais ou les Ardennes. Et les différences de revenus n'expliquent pas tout.

Qui sont les plus gros consommateurs de bio en France? Si plus de deux tiers des Français assurent qu'ils consomment du bio au moins une fois par mois, où consomme-t-on le plus de produits bio? Il semblerait assez logiquement que ce soit dans les départements dont les habitants disposent du pouvoir d'achat le plus élevé.

C'est ce qui ressort d'une étude réalisé par le spécialiste de la grande consommation Olivier Dauvers à partir de données de la société spécialisée IRI. Les départements où l'on consomme le plus de produits bio sont donc Paris (8% des achats en grande distribution), les Hauts-de-Seine (6,5%), les Hautes-Alpes (5,9%), la Haute-Savoie (5,8%) et les Alpes Maritimes (5,6%).

Dans ce top 5, on retrouve quatre départements figurant parmi les plus riches de France mais aussi les Hautes-Alpes, département rural où les revenus sont nettement inférieurs à la moyenne française. Sauf que ses agriculteurs se sont massivement convertis au label AB. Dans les Hautes-Alpes, plus de 27% des terres cultivées sont dédiées à la production bio contre 6,5% pour la moyenne nationale. On peut penser que cette conversion massive des agriculteurs influence le reste de la population.

A l'inverse, les départements dans lesquels les consommateurs achètent le moins de produits bio sont dans l'ensemble plus pauvres que la moyenne. La part du bio n'est ainsi que de 1,8% dans l'Aisne et de 1,9% dans le Pas-de-Calais. Il s'agit surtout de départements qui ont fait face à une désindustrialisation particulièrement importante depuis un demi-siècle et où l’agriculture a moins de poids qu’ailleurs.

Mais de manière générale, plus les habitants d'un département dispose de revenus élevés plus la part de produits bio achetées est importante. En moyenne elle atteint près de 5% dans les départements "riches" contre à peine 3,4% dans les départements "pauvres".

Et surtout l'écart semble se creuser entre les gros et les petits consommateurs de bio. "Si la part de marché du bio est la plus forte dans les départements les plus aisés, c’est aussi là qu’elle progresse le plus, explique Olvier Dauvers. Le poids du bio dans les départements les plus modestes augmente également, mais de façon beaucoup plus faible. Autrement dit, la conso de bio n’est pas près de s’homogénéiser dans l’Hexagone, bien au contraire."

Comment expliquer un tel écart? Il y a évidemment la question du prix. Consommer bio coûte plus cher (50 à 60% de plus en moyenne) que consommer du conventionnel. "Ça met à mal une pensée dominante selon laquelle le bio intéresse tout le monde, explique Oliviers Dauvers. Le bio reste une proposition chère et c'est loin d'être un marché de masse."

Si la cherté du bio constitue probablement un frein à l'adoption du bio, ce n'est peut-être pas la seule explication. Le prix n'est pas le seul critère à influencer les choix des consommateurs. Un exemple avec la viande qui reste un aliment onéreux. Elle est malgré tout, selon le Credoc, davantage consommée par les ouvriers (151 g/jour) et les employés (136 g/jour) que par les cadres et les professions libérales (113 g/jour) qui disposent pourtant d'un pouvoir d'achat plus conséquent. Et si la baisse de la consommation de produits carnés est globale, elle est plus forte parmi les foyers aisés. Cette catégorie de la population est peut-être plus sensible aux nouvelles tendances de consommation. Diminuer sa consommation de viande ou manger davantage de produits sans pesticide sont des nouveautés plus vite adoptées par les classes aisées. "Il y a peut-être effectivement une question d'éveil et d'ouverture d'esprit par rapport à ces questions-là, estime Olivier Dauvers. Mais c'est difficile à mesurer."

Source : BFM