Léonard de Vinci: pourquoi l'exposition du Louvre est un événement historique

Publié le 24/10/2019

Un artiste hors du commun, des oeuvres très fragiles, des tensions diplomatiques... tels sont les ingrédients de l'exposition Léonard de Vinci, qui ouvre ses portes ce jeudi 24 octobre.

C'est un événement historique et éblouissant, politique et de longue haleine. L'exposition Léonard de Vinci ouvre ses portes ce jeudi 24 octobre au musée du Louvre, pour célébrer le 500e anniversaire de la mort de Leonard de Vinci.

Avec 180.000 pré-réservations, dix ans de travail, 160 oeuvres exceptionnelles, certaines prêtées par la reine d'Angleterre et Bill Gates... L'exposition s'annonce comme celle des superlatifs.

D'autant que l'année dernière, on a frôlé la crise diplomatique avec l'Italie, qui prête finalement toutes les oeuvres promises à la France. Et puis la personnalité de Léonard de Vinci, génie absolu et pluridisciplinaire, fascine toujours autant les foules. Sans compter la fragilité des oeuvres, qui, jusqu'à ces derniers jours, a failli remettre en cause la venue d'une oeuvre... toutes ces péripéties font de l'exposition un événement unique.
> Onze tableaux du maître réunis

Cette exposition offre l'occasion unique d'admirer dix tableaux du maître de la Renaissance (onze si l'on compte la Joconde) alors que seulement vingt peintures sont attribuées par les spécialistes à Vinci. Parmi eux, La Sainte Anne, Saint Jean-Baptiste et la Madone Benois, prêté par le musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg.

Le Salvator Mundi, porté disparu depuis son achat pour une somme vertigineuse il y a un an et demi (450 millions de dollars), a lui peu de chance d'être au rendez-vous. Officiellement, il a été acquis pour compléter la collection du Louvre Abu Dhabi. Seul le Louvre était capable d'une telle réunion car le musée possède déjà cinq tableaux originaux de Léonard de Vinci.

On peut pour cela remercier François 1er, qui a invité Léonard de Vinci à venir vivre au Clos Lucé, à Amboise, et qui, à sa mort, a fait entrer dans les collections royales, les tableaux que le maître avait apporté dans ses bagages, dont la Mona Lisa. C’est ainsi que le Louvre est à la tête de près du tiers des tableaux de l’artiste. Louis XII, prédécesseur de François 1er avait déjà acquis La Vierge aux rochers et La Belle Ferronnière.
> Dix ans de travail et des rebondissements

Mettre sur pied une telle exposition a nécessité dix ans de travail et des demandes de prêt un peu partout dans le monde, auprès du British Museum, du Vatican et de l'Italie notamment. Mais aussi auprès de la reine d'Angleterre qui a prêté 24 dessins - la collection royale en possède 542, qui ne sont pas exposés en raison de leur fragilité.

En vertu d'un accord signé par le ministère de la Culture, Dario Franceschini et son homologue français Franck Riester, Rome prête ainsi sept oeuvres. En retour, cinq oeuvres de Raphaël - deux peintures et trois dessins - ainsi que deux études au dessin de Giovan Francesco Penni, qui se trouvent toutes au Louvre, seront prêtés à l'Italie pour l'exposition Raphaël qui s'ouvrira au Quirinal à Rome en mars prochain.

Ces sept oeuvres s'ajoutent à treize autres que divers musées italiens ont déjà accepté de prêter, à l'issue de négociations entre musées: la plus connue est la Scapigliata (la jeune fille décoiffée) de la Galerie nationale de Parme, une peinture inachevée.

Le précédent gouvernement italien, dans lequel la Ligue du Nord de Matteo Salvini avait un poids prépondérant, avait renâclé à prêter les oeuvres et marqué sa mauvaise humeur au sujet de cette exposition au Louvre. En novembre dernier la secrétaire d'Etat à la culture italienne avait ainsi remis en cause le prêt d'œuvres au Louvre. Le gouvernement avait insisté sur le fait que le grand maître de la Renaissance était d'abord italien.

Des oeuvres très fragiles

Le prêt de L'homme de Vitruve, dernière péripétie en date de l'exposition Léonard de Vinci, le montre: ces oeuvres sont d'une grande fragilité. Le 8 octobre dernier, la justice italienne saisie par une association de défense du patrimoine italien a suspendu le prêt de l'oeuvre.

Rome a finalement accepté de prêter le célèbre Homme de Vitruve, conservé à la Galerie de l'Académie à Venise. L'oeuvre étant très délicate à transporter, des conditions ont dû être remplies avant qu'il reçoive l'autorisation de sortir d'Italie. Ce prêt ne durera que plusieurs semaines, alors que l'exposition qui s'ouvre le 25 octobre durera plusieurs mois. Si Selon Le Figaro, la règle, pour une oeuvre aussi fragile, est de la soustraire à la lumière - et donc au regard du public - pendant les huit ans qui suivent.

La Joconde elle-même, qui joue pourtant à domicile, ne bougera plus de sa salle, tant elle est fragile. L'oeuvre, qui a récemment déménagé pendant les travaux d'embellissement de la salle où elle est exposée, est peinte sur très fin panneau de peuplier, d'1,4 cm d'épaisseur, qui s'est courbé avec le temps. Le tableau est fendu depuis le 17e siècle. La fente s'arrête en haut du front de Mona Lisa. "Cette fissure est surveillée comme le lait sur le feu", indiquait le musée lors de son déménagement. Habituée à être le centre de l'attention au Louvre, la Joconde va devoir partager l'intérêt du public pour les autres chefs-d'oeuvres de Léonard de Vinci, jusqu'au 24 février prochain.

Source : BFM TV