"Notre chiffre d'affaires baisse, mais nous l'assumons et nous pensons que c'est vertueux." Quand la plupart des distributeurs ne parlent que de croissance pour soutirer des remises supplémentaires à leurs fournisseurs, David Lubek, le directeur financier du groupe Casino, détonne.
D'abord, c'est un fait, la croissance n'est plus donnée à tout le monde dans le paysage français de la distribution (d'où la multiplication des alliances pour ne pas perdre du terrain en négos). Ensuite, l'essentiel de cette baisse s'explique par l'abandon de magasins non rentables, assure le distributeur. D'où son côté vertueux. "Le groupe se concentre sur les géographies et les formats les plus porteurs", appuie le directeur financier.
Il n'empêche. À court terme, la pilule est douloureuse à avaler. Au troisième trimestre 2019, le chiffre d'affaires du groupe en France recule de -4,4%. Les enseignes les plus touchées par les cessions et les fermetures, Géant et Leader Price, accusent des baisses respectives de -6,5% et -12,3%.
"L'assainissement" du réseau
S'agissant de Leader Price, on le comprend bien, "l'assainissement" du réseau (121 magasins fermés en douze mois) était destiné à rendre la mariée plus désirable. Les négociations avec Aldi pour la cession de l'ensemble du parc (a minima intégré) sont toujours en cours. Pour Géant Casino, le "plan Rocade" arrivera bientôt à son terme.
Les Géant restants, eux, ne s'en sortent pas si mal sur le dernier trimestre. À magasins comparables, les ventes alimentaires (66% du CA) repartent à +2,1%. Une vraie bonne surprise, la tendance étant plutôt à +0,5 ou +0,7% depuis le début de l'année.
Le non-alimentaire s'effondre toujours en hypers (-6,7% en comparable), mais le secteur est confié à des spécialistes pour faire revenir les clients. À commencer par Cdiscount, bien sûr : la filiale e-commerce de Casino brasse un volume d'affaires global, marketplace incluse, de 707 millions d'euros, bien loin des 147 millions d'euros subsistant encore chez Géant.
Les showrooms Cdiscount s'installent en hypers mais aussi chez Franprix. Même chose pour Le Drugstore parisien, fruit du partenariat entre Casino et L'Oréal. Columbus Café, Maty et Piery (bijouteries) font leur apparition chez Géant, Hema débarque chez Franprix.
E-commerce : un milliard d'euros en alimentaire
À moyen terme, Casino entend également retrouver de la croissance sur l'alimentaire grâce au e-commerce. En 2019, la montée en puissance du partenariat avec Amazon (qui propose des produits de Casino, Monoprix et Naturalia) a fait bondir le CA alimentaire en ligne de 16%.
Sur les neuf premiers mois de l'année, le volume d'affaires du e-commerce alimentaire, qui additionne les drives, la livraison, les ventes d'Amazon, etc., représente 264 millions d'euros. Casino veut atteindre le milliard d'euros en 2021, en année pleine.
La mise en service de l'entrepôt automatisé Ocado pour Monoprix, au cours du premier trimestre 2020, devrait aider le distributeur à monter en puissance. Le nouveau partenariat signé avec Toupargel va aussi apporter sa petite pierre à l'édifice. Le spécialiste de la livraison à domicile des surgelés, qui vendait déjà des produits fournis par Naturalia depuis un an, ajoutera à son assortiment, en novembre, 1400 références MDD Monoprix.
Le chiffre d'affaires de Casino au 3e trimestre 2019
CA Evol. Magasins comparables
France 5 052 M€ - 4,4 % + 0,2 %
Géant Casino 1 113 M€ - 6,5 % + 1,1 %
Monoprix 1 054 M€ + 0,5 % + 0,3 %
SM Casino 793 M€ - 3,0 % + 0,6 %
Leader Price 528 M€ - 12,3 % - 1,1 %
Cdiscount 461 M€ + 1,9 % - 0,3 %
Proximité 385 M€ - 1,1 % + 0,7 %
Franprix 359 M€ - 5,7 % - 0,3 %
Amérique latine 4 002 M€ + 11,0 % + 3,0 %
Total groupe 9 053 M€ + 1,8 % + 1,5 %
Source : Casino ; troisième trimestre 2019
Source article : Linéaires