Pourquoi la radio n'est pas morte en France

Publié le 24/01/2020

Une étude de l'institut CSA souligne l'attachement des Français au média radio, malgré les plateformes. Reste à bien mesurer l'audience numérique.

Touche pas à mon poste… de radio. Les Français restent en effet attachés à la radio, révèle une étude de l'institut CSA-Havas Group*. Présentée ce mercredi matin au Tank media, en amont du Salon de la radio qui se tiendra à la Halle de la Villette, à Paris, de jeudi à dimanche, elle montre que 73 % des Français écoutent la radio au moins trois fois par semaine, dont 26 % sur le numérique (radios FM sur Internet, podcasts et webradios). En outre, elle est le premier média du matin en France (66 %), largement devant la télévision (21 %) et Internet (13 %).

« La radio reste un média de masse qui assure une puissance instantanée aux marques », fait valoir Yves Del Frate, directeur général de l'institut CSA chez Havas Group. Les Français considèrent la radio avant tout comme le média de la musique (57 %) et de l'information (42 %). D'après l'étude, ce média conserve ainsi son rôle de référence sur les nouvelles tendances, notamment chez les jeunes, malgré l'arrivée ces dernières années des plateformes musicales de type Spotify et Deezer. C'est le média préféré des Français pour la musique et la découverte musicale. Ainsi, 65 % d'entre eux écoutent avant tout de la musique à la radio et 53 % y découvrent des chansons et des artistes.

« La mesure d'audience de la radio doit absolument évoluer »

Comment, dès lors, expliquer la baisse continue de l'écoute de la radio dans les résultats des enquêtes Médiamétrie, et en particulier des radios musicales ? « La mesure d'audience radio a été créée quand le poste de radio était le premier moyen d'écoute, devant l'autoradio et avant que tous les nouveaux moyens de consommation comme le smartphone et l'ordinateur ne soient arrivés », déplore Franck Godin, directeur délégué du pôle audio et digital de Lagardère Publicité News. Les acteurs du secteur s'accordent aujourd'hui pour réclamer un changement des mesures d'audience radio effectuées par Médiamétrie. Principal grief : le sondage se fait sur le mode déclaratif de la part des 126 000 personnes interrogées par Médiamétrie pour les audiences, et non à partir d'un dispositif installé sur le moyen de réception. « Il suffit que le sondé oublie qu'il a écouté la veille et vu un podcast d'une station sur sa page Facebook, Twitter ou YouTube pour que cette audience ne soit pas prise en compte », explique un connaisseur du dossier. « La mesure d'audience de la radio doit absolument évoluer. Il est nécessaire d'identifier de manière claire tous les usages digitaux », abonde Yves Del Frate.

Les stations radio travaillent donc actuellement avec Médiamétrie sur une sorte de « tag numérique » (ou watermark) à la source des contenus radio : il permettrait ainsi de suivre ses divers moyens d'écoute. En outre, il est question d'introduire des mouchards dans les appareils d'écoute des sondés afin de mieux prendre en compte les usages. « On nous a présenté un mouchard possible. Mais il n'était pas étanche, donc il ne prenait pas en compte l'écoute de la radio dans la salle de bains et sous la douche qui est importante, et ne fonctionnait pas avec des écouteurs, ce qui empêchait de mesurer toutes les écoutes dans les transports ou durant la pratique sportive », se plaint un manageur de radio.

Un enjeu fondamental

Médiamétrie travaille depuis plusieurs mois en ce sens. À l'automne, la société spécialisée dans la mesure d'audience et l'étude des usages des médias audiovisuels et numériques a lancé une mesure d'audience du replay radio (contenus écoutés après leur passage à l'antenne) et des podcasts natifs (contenus audio originaux). On peut ainsi savoir le nombre d'auditeurs, le volume et les heures d'écoute ainsi que les profils des auditeurs, grâce à un panel de plus de 3 000 individus âgés de 13 ans et plus répondant quotidiennement et équipés d'un audimètre individuel porté.

L'enjeu de la mesure est fondamental. Les radios, comme les chaînes de télévision, monétisent leur audience pour la publicité. « Un point de part du marché radio, qui pèse globalement 700 millions d'euros, c'est grosso modo 7 millions d'euros de revenus publicitaires pour une station », dit le patron d'une grande radio française. Un beau gâteau à partager !

Toute l'enquête : https://static.lpnt.fr/images/2020/01/22/19977755lpw-19978390-embed-libre-jpg_6857316.jpg

*Panel de 1 008 personnes de plus de 18 ans représentatif de la population française, questionnaire de 7 minutes en ligne réalisé du 2 au 6 décembre 2019.

Source : LePoint (https://www.lepoint.fr/medias/pourquoi-la-radio-n-est-pas-morte-en-france-22-01-2020-2359172_260.php)