Foodtech: la start-up Feed annonce un changement de modèle

Publié le 19/03/2020

Anthony Bourbon, qui a créé le spécialiste français de la smart food, annonce aujourd’hui un changement du modèle de son entreprise autour de trois axes: nutrition, écologie et marketing. Il est l'invité du Club entrepreneurs Challenges -Grant Thornton.

Alors que la crise du coronavirus bat son plein, la start-up Feed a décidé de maintenir son annonce d'un changement de modèle ce mercredi 18 mars. Son fondateur en détaille les différents axes dessous. Dans le même temps, l'entreprise essaie d'apporter sa pierre à l'édifice dans la lutte contre la propagation de l'épidémie. Elle a décidé d'offrir des centaines de milliers de repas à toutes les personnes sur le front: infirmières, brancardiers, médecins urgentistes, ambulanciers, SAMU, pompiers... Depuis le 15 mars, une adresse mail dédiée (soutien@feed.co) a été mise en place pour permettre aux centrales d'approvisionnement des hôpitaux et aux associations de contacter Feed pour recevoir gratuitement de gros volumes de Feed.

Challenges - Votre parcours est loin de celui d’un diplômé de grande école…

Anthony Bourbon - Avec un père violent et une mère dépressive, à 17 ans, j’étais à la rue. J’ai retapé des scooters, des voitures, des appartements… Je faisais alors beaucoup de business, et je sautais de plus en plus de repas. J’ai voulu manger plus équilibré, facilement, moins cher. J’ai créé une poudre en répertoriant dans un tableau l’ensemble des besoins d’un humain standard. Mes amis ont commencé à en consommer, puis leurs amis… Au lancement de Feed, nous avions 10.000 précommandes.

Cette poudre est peu appétissante…

Nous avons créé une catégorie qui n’existait pas en France: la smart food. Feed ne sera jamais un moment exceptionnel au niveau du goût, il faut l’assumer. Le but est de faire un repas fonctionnel, équilibré, quand vous manquez de temps: avant d’aller au cinéma, de faire du sport, quand on est étudiant, en travaillant, sur un télésiège…

Où en est la marque?

Trois ans seulement après notre création, plus de 62% des urbains en France nous connaissent. Nous avons réalisé 10 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018, et visons 100 millions à très court terme. Nos 55 recettes se répartissent en trois gammes: classique, light et sport. Et nous sortons aujourd’hui une gamme snacking. Nous sommes présents dans 40 pays, dont 15 en physique dans 5.000 points de vente. Nous allons à présent couvrir de manière très agressive l’Angleterre, l’Allemagne, les Etats-Unis et pourquoi pas la Chine.

Votre grande nouveauté?

En réponse aux feedbacks des clients, nous réinventons complètement la marque. Nous avons revu toutes nos recettes, divisé par huit leur teneur en sucre, et ajouté beaucoup de naturalité pour améliorer le goût. Ensuite, nous avions des progrès à faire en termes d’écologie. Nous avons par exemple supprimé notre iconique bouteille en plastique transparente, remplacée par des sachets en papier recyclé et recyclable. Enfin, la marque ne signifiait pas pourquoi manger du Feed: pour se dépasser, quel que soit votre objectif. Nous changeons le packaging en ajoutant des mots forts: oser, tenter, se réaliser.

Quel sera le futur de Feed?

Il pourrait y avoir un rapprochement avec un grand groupe. Les produits de Danone, Kraft Foods, Mondelez perdent en attractivité. S’ils ne rachètent pas de start-up, ils foncent dans le mur! Certains nous ont déjà approchés, mais c’est trop tôt. Nous n’excluons pas non plus une introduction en Bourse pour devenir le prochain mastodonte industriel français. Danone pèse 25 milliards, ce n’est pas si impressionnant…

Vous êtes souvent polémique…

C’est ma personnalité, le besoin de revanche sociale. Aujourd’hui, 99% des entrepreneurs sont des hommes blancs de 30 ans, sortis de grandes écoles, fils à papa. Ce n’est pas normal. En tant qu’investisseur, je ne parie que sur les outsiders.

Votre rêve de croissance?

Avoir un milliard de patrimoine pour embarquer du monde avec moi. Je ne le ferai pas qu’avec Feed, j’aimerais tenter une autre aventure.

Source : Challenges