Coronavirus: les Français plus nombreux à faire leurs courses en ligne

Publié le 23/03/2020

Les Français confinés chez eux font de plus en plus de courses sur internet, contraignant les distributeurs à s'organiser autrement, pour les livraisons à domicile comme pour les retraits aux "drive" des supermarchés.

"J'achète régulièrement des produits sur internet depuis que je suis enfermée chez moi, je trouve cela plus pratique, alors qu'avant ce n'était pas trop dans mes habitudes", raconte Siham, une cheffe de projet d'une trentaine d'années habitant La Courneuve (Seine-Saint-Denis).

"Par exemple, j'ai acheté hier soir pour 70 euros de soins chez Sephora!", s'exclame-t-elle, ajoutant qu'elle s'est également offert quelques produits "inhabituels pour changer du quotidien et se faire plaisir" comme ce rouleau "pour faire de la gymnastique faciale".

Depuis le début de la crise, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à passer à l'achat en ligne, essentiellement pour se procurer des produits de première nécessité.

"Sur la partie alimentaire, on a observé ces dernières semaines des croissances" des ventes sur internet "extrêmement importantes dans toutes les géographies" touchées par le coronavirus, relève auprès de l'AFP Stéphane Charvériat, directeur associé senior au sein du cabinet BCG, évoquant "des hausses comprises entre 40% et 60%" par rapport à l'année dernière.
- "Afflux" de commandes -

Selon lui, les livraisons à domicile ont même bondi au minimum de 70% et jusqu'à 100%, tandis que la progression est un peu plus modérée pour les retraits en supermarché (+30 à 40%). La fréquentation des magasins continue toutefois "à être relativement bonne", précise l'expert.

En France, les ventes de l'e-commerce ont progressé quatre fois plus vite que celles des magasins physiques du 2 au 8 mars par rapport à l'année passée, souligne une étude du cabinet Nielsen. Les ventes de gants de ménage explosent (+174%) par le biais du "drive", devant les pâtes (+114%) et le riz (+111%).

"Les gens ont anticipé le fait qu'ils allaient moins se déplacer", ce qui explique en partie ce report des achats sur les sites d'e-commerce, explique Stéphane Charvériat, conduisant les distributeurs à s'adapter.

C'est le cas de Franprix, une enseigne appartenant au groupe Casino, qui doit gérer un déluge de commandes en ligne.

"Nous faisons le maximum pour garantir aux clients les délais les plus courts mais face à l'afflux massif, effectivement de facto les délais de livraison peuvent être plus longs", explique à l'AFP un porte-parole du groupe Casino.

Ainsi, les commandes de l'après-midi sont souvent livrées le lendemain, tandis que l'enseigne "privilégie surtout le click and collect (livraison en magasin, ndlr) pour que le client réceptionne sa commande plus vite".

CDiscount (groupe Casino) a également fait le choix de rallonger ses délais de livraison.
- "Changement de stratégie" -

"CDiscount doit faire en sorte que cet afflux de commandes reste compatible avec les règles de distanciation strictes organisées en entrepôts. C'est la raison pour laquelle ils ont fait le choix de rallonger un peu les délais de livraison", soutient le porte-parole de Casino.

Megda, une Parisienne d'une trentaine d'années, n'est pas découragée par ces délais allongés. "Habituellement j'achète beaucoup par internet, mais là encore plus", raconte-t-elle, notamment pour se procurer des produits devenus rares. "J'ai par exemple acheté mon gel et mon masque sur internet il y a quelques jours", ajoute-t-elle.

La crise sanitaire va-t-elle renforcer la tendance déjà existante de la hausse des ventes en ligne ?

"Il y a beaucoup d'incertitude sur la durée de cette crise et je pense que la part des achats en e-commerce va se renforcer" à terme, estime Cédric Genet, responsable France de Tiendeo, une plateforme qui regroupe les catalogues des grandes chaînes de supermarchés.

Selon lui, la situation pourrait à long terme "générer des changements de stratégies en interne" comme par exemple "l'allocation des budgets en termes de développement pour les enseignes sur la partie e-commerce".

Source : Boursorama