Enchères : la mode défile aussi en salles des ventes

Publié le 11/05/2020

Les créations couture et haute couture ont pris leur place dans les salles des ventes. Les prix progressent, mais on peut encore se créer une jolie garde-robe pour un budget raisonnable.

Au début de ce siècle, les ventes de vêtements et de maroquinerie faisaient encore une entrée timide dans les salles de vente.

Désormais, elles représentent 8 à 10% du chiffre d’affaires des quelques maisons de ventes aux enchères qui s’en sont fait très tôt une spécialité, comme Artcurial, Cornette de Saint Cyr, De Baecque, Gros et Delettrez et l’Hôtel des ventes de la vallée de Montmorency.

Le prix des pièces mythiques signées Saint Laurent, Dior ou Chanel s’envolent mais la plupart des vêtements haute couture, couture ou prêt à porter sont vendus deux à quatre fois moins cher qu’en boutique.
Le vêtement obéit à une hiérarchie entre haute couture, couture, prêt-à-porter et vintage, avec des prix en conséquence. La haute couture répond à des créations faites sur mesure et sur demande : ce sont les pièces les plus extraordinaires (matières et savoir-faire) qui donnent toute la mesure du talent du créateur.

Les vêtements «couture» sont réalisés en quelques exemplaires chacun, alors que les lignes prêt-à-porter des grandes maisons sont produites en nombre.

Quant au vintage, ce sont tous les vêtements et accessoires avec ou sans marque dont l’ancienneté remonte à vingt ans, généralement les vêtements des années 1950 à 2000, que les acheteurs prennent plaisir à porter.

La cote des vêtements iconiques en progression

Dans les salles des ventes, Saint Laurent, Dior et Chanel sont particulièrement recherchés, puis viennent Balenciaga, Givenchy, Grès, Lanvin, Nina Ricci, Schiaparelli, Lanvin, Patou, etc. Sans oublier les très originaux Pierre Cardin et Courrège qui ont marqué les années 1970.
Et plus récemment Alaïa, Comme des Garçons, Gianfranco Ferré, Gauthier, Montana, Mugler, etc. «La valeur d’un vêtement dépend du créateur bien sûr, mais aussi de son ancienneté et de sa provenance», explique Claire Chassine-Lambert, expert en mode, haute couture et maroquinerie. Il faut aussi se demander si le vêtement est typique d’une période ou d’un créateur.

Certains modèles sont devenus mythiques, comme le tailleur de Coco Chanel, la saharienne et le smoking d’Yves Saint Laurent, les tailleurs New Look de Christian Dior. L’éventail des prix de vêtements vus dans les défilés est très large. Comptez tout de même un minimum de 1;000 euros et jusqu’à plusieurs milliers d’euros.

Les célèbres vestes de la série consacrée au peintre Van Gogh, d’Yves Saint Laurent, font autant d’étincelles aux enchères qu’elles brillent des feux des milliers de paillettes et de perles brodées par la maison Lesage.

La veste Tournesols, vendue par la maison Christie’s en novembre 2019, a atteint le prix record de 380.000 euros, alors qu'elle n'était estimée qu'entre 80.000 et 120.000 euros. En janvier 2019, la maison Cornette de Saint Cyr adjugeait 175.500 euros la veste Iris (estimée 30.000 et 40.000 euros).

Des tailleurs haute couture à moins de 500 euros

«La mode et la haute couture sont porteuses d’histoire. Il y a un vrai intérêt culturel», constate Sibylle de Chantérac, responsable des ventes luxe et vintage de la maison de ventes De Baecque. Aujourd’hui, la mode fait partie du patrimoine. Les créations sont recherchées par les collectionneurs du monde entier, les musées, les fondations et les maisons de couture qui alimentent leurs archives. Il y a de ce fait une valorisation de ces créations.

Le marché se déploie notamment grâce aux ventes en ligne. Tout n’est pas affaire de spécialistes ou de gros sous, il est possible d’acheter de jolies pièces de grandes marques pour un budget qui varie de 20 à 500 euros.
En janvier dernier, par exemple, un tailleur en ottoman noir, Yves Saint Laurent haute couture, a été adjugé 260 euros et un manteau du soir en taffetas violet à manches bouffantes (griffe blanche et graphisme noir) est parti à 220 euros dans la vente orchestrée par la maison Gros et Delettrez.
«On déconsidère souvent les vestiaires et garde-robes de nos parents et grands-parents, alors qu’on peut y trouver de vrais trésors, insiste Me Valérie Régis de l’Hôtel des ventes de Montmorency. Un vêtement des années soixante-dix peut remporter un joli succès en salle de ventes. Il ne faut pas hésiter à demander conseils aux maisons de ventes.»

Entretenir sa garde-robe

Dans ces ventes, vous achetez des vêtements de seconde main, il est donc recommandé de se déplacer, même si la vente a lieu sur Internet, pour se rendre compte de l’état, de la qualité de la coupe, des tissus, des finitions et vérifier si la taille vous convient.

Une fois chez vous, il est préférable de conserver ses trouvailles à l’abri de la lumière et de la chaleur, surtout pour les vêtements haute couture ou couture.

Broderies, dentelles, plumes peuvent être restaurées, mais les taches, les manques, les tissus râpés ne sont pas toujours rattrapables. Pour les vêtements vintage que vous porterez, l’usure et les petites maladresses de la vie quotidienne les marqueront pour l’avenir, mais vous aurez eu le plaisir de les porter et de leur avoir donné une seconde vie.

La course aux sacs

La maroquinerie d’occasion remporte un vif succès dans les salles des ventes et sur les sites Internet spécialisés. Il est vrai que l’on y trouve des sacs d’occasion Hermès, Chanel, Louis Vuitton deux à quatre fois moins chers.

Plusieurs modèles font rêver. Les sacs Kelly et Birkin, d’Hermès, sont les stars. Selon le site Collector Square (vente de biens de luxe d'occasion), un Kelly aux enchères en parfait état coûte en moyenne 10 500 euros en cuir et deux fois plus (minimum) en crocodile.

Les sacs Birkin, eux, ont vu leurs prix en salle des ventes et sur les sites spécialisés multipliés par deux depuis 2008. Il faut désormais disposer d’un budget moyen de 9.000 euros pour un modèle d'occasion en cuir et quatre fois plus pour un modèle en croco.

Autre incontournable, le 2.55, petit sac matelassé imaginé par Coco Chanel en 1920 dont le prix moyen est de 2.500 euros en ventes publiques (3.500 euros neuf en boutique), variable selon la taille, la matière, l’état. Son prix moyen sur le marché de l'occasion a augmenté de plus de 250% en huit ans, selon Collector Square.

Dans le hit-parade des sacs figurent aussi le Lady Dior vendu 1.200 euros en moyenne et le Speedy créé dans les années 1930 par la maison Vuitton vendu en moyenne 500 euros.

Haute couture : les prix s’envolent

- 175.000 euros : Yves Saint Laurent, veste du soir "Iris", hommage à Vincent Van Gogh, collection haute couture printemps-été 1988, broderies de la maison Lesage. Adjugée par la maison Cornette de Saint Cyr, le 23 janvier 2019 à Paris.

- 8.125 euros : Chanel, robe de cocktail en mousseline de soie et nœud en taffetas, collection haute couture 1960. Adjugée par la maison Sotheby’s, le 3 octobre 2017 à Paris

- 5.700 euros : Christian Dior, manteau en taffetas de soie violet, collection haute couture automne-hiver 1950. Adjugé 5.700 euros par Me Valérie Régis, le 13 mai 2019 à Montmorency.

- 5.200 euros : Christian Dior, robe en taffetas imprimé, collection haute couture printemps-été 1957, griffe blanche, graphisme noir. Adjugée par la maison De Baecque, le 5 février 2019 à Lyon.

- 845 euros : Yves Saint Laurent, collection haute couture printemps été 2001, robe du soir asymétrique en soie bleue et organza blanc. Griffe blanche, graphisme noir. Adjugée par la maison Cornette de Saint Cyr, le 4 juillet 2019 à Paris. (photo catalogue)

- 455 euros : Thierry Mugler, vers 1985, robe en crêpe de soie bicolore lie de vin et bleu pétrole, drapé et manches bouffantes à volants. Griffe bleue, graphisme argent.
Adjugée par la maison Cornette de Saint Cyr, le 28 septembre 2018 à Paris.

- 1.170 euros : Christian Dior Colifichet, vers 1970, ensemble en soie imprimée d’inspiration gitane (blouse en mousseline et jupe satinée). Griffes blanches, graphisme noir. Adjugé par la maison Cornette de Saint Cyr, le 28 septembre 2018 à Paris. (photo catalogue)

- 150 euros : Emilio Pucci exclusively for Saxe Avenue, vers 1970. Haut façon bustier en soie imprimée psychédélique entièrement rebrodée de sequins. Adjugé par la maison De Baecque le 9 octobre 2019 à Paris.

- 390 euros : Claude Montana, tailleur en drap vert composé d'une veste à petit col double boutonnage et d'une jupe travaillée en biais Griffe noire, bleue graphisme blanc. Adjugé par la maison Gros & Delettrez, le 30 janvier 2020 à Paris.

Source : lerevenu.com