Téléfoot : un promu qui veut jouer le haut du tableau

Publié le 20/08/2020

La chaîne a présenté ce mardi son équipe, ses programmes et son identité visuelle. Le plus dur commence : recruter des abonnés et rentabiliser les droits.

La journée avait commencé par une mauvaise nouvelle. Alors que Téléfoot, la nouvelle chaîne détentrice de la grande majorité des droits de la Ligue 1 et Ligue 2, s'apprête à se lancer, les téléphones chauffent : la rencontre Marseille-Saint-Étienne, censée ouvrir la saison – et la chaîne –, est reportée à cause de quatre cas de Covid au sein de l'effectif olympien. « Nous avions demandé à la Ligue de reporter d'une semaine la première journée de Ligue 1. […] C'est un accident de parcours », regrette Jaume Roures, le fondateur de Mediapro.

Il faut dire que le pari de Mediapro est immense : des droits pharaoniques (plus de 800 millions d'euros pour 8 matchs de Ligue 1), un marché éclaté entre 4 acteurs (Canal+, beIN Sports, RMC Sport et Téléfoot), une offre certes importante, mais chère (entre 14 et 29,99 euros), des accords de distribution qui tardent (pour l'instant, SFR, Bouygues et Apple) et une nouvelle donne sanitaire rendant le produit foot moins attractif (moins ou plus d'ambiance dans les stades et une incertitude sur le calendrier)… Le but : atteindre le seuil des 3,5 millions d'abonnés. Pour que le pari soit réussi, Téléfoot fait le pari de l'exclusivité, de la proximité et de la modestie.

Des héros ordinaires de la Ligue 1

Exclusivité avec huit matchs de Ligue 1 avec notamment les 10 affiches les plus importantes du Championnat de France (OM-PSG, PSG-Lyon, OM-Lyon) et huit matchs de Ligue 2 par journée. Proximité avec des accords avec les clubs pour des reportages, des documentaires et des interviews exclusives. Modestie avec un casting sans strass ni paillettes (à part Grégoire Margotton et Bixente Lizarazu, prêtés par TF1), mais efficace.

Là où ses prédécesseurs ont misé sur le claquant dans leurs recrutements, Téléfoot mise sur des héros ordinaires et des grognards du championnat de France qui cumule plus de 4 500 matchs de Ligue 1. L'équipe de consultants de la chaîne est intéressante dans ce qu'elle a de banal : des capitaines de Troyes, de Dijon, de Saint-Étienne, de joueurs de Toulouse, de Bastia, de Lyon ou un ex-entraîneur de Sochaux. Benjamin Nivet, Florent Balmont, Loïc Perrin, Nicolas Douchez, Pierre-Yves André, Christophe Jallet et Alain Perrin composent donc ce « 11 de rêve », comme l'appelle Julien Bergeaud, le patron de la chaîne. « Rêve » peut-être pas quand on la compare à d'autres, mais sans doute plus connaisseuse de la Ligue 1 et de la Ligue 2 – les deux mamelles de la chaîne – et qui saura parler au cœur du supporteur. Idem pour les journalistes, Jean-Michel Roussier, le directeur des programmes, ayant misé sur une jeune garde (34 ans de moyenne d'âge).

Reste à faire connaître la chaîne et à convaincre le fan de football de souscrire à un nouvel abonnement. La journée s'est terminée par une bonne nouvelle : OM-Saint-Étienne a été remplacé par Bordeaux-Nantes, initialement prévu samedi 19 heures. Un classique du championnat de France pour commencer une nouvelle aventure. Comme si Téléfoot avait toujours été là.

Par Florent Barraco
Modifié le 18/08/2020 à 16:45 - Publié le 18/08/2020 à 16:30 | Le Point.fr

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