C’est l’histoire d’une petite société californienne devenue reine de l’industrie du divertissement sur écran.
En un quart de siècle, Netflix est passé de loueur de DVD à numéro un planétaire de vidéo à la demande. Et de loin. Aidée par les confinements instaurés dans le monde entier, la plateforme a récemment franchi la barre des 200 millions d’abonnés. Presque autant que la population du Brésil, 6e pays le plus peuplé.
Tous ces adeptes ont accès, pour 7,99 € à 15,99 € (selon le nombre d’écrans), à des milliers d’heures de séries, films, dessins animés, documentaires, émissions… Y compris des productions françaises. Dans l’Hexagone, le catalogue Netflix compte plus de 4 300 programmes.
Une longueur d’avance
2020 était pourtant l’année de tous les risques pour la plateforme au grand N rouge.
Ses concurrents sont montés en puissance, comme Apple TV ou Amazon Prime, qui a frappé très fort avec la série The Boys, et qui prépare une adaptation du Seigneur des anneaux. De nouveaux mastodontes ont également investi le marché, à commencer par Disney +, qui a conquis 85 millions d’abonnés en un an.
Étrangement, le PDG et fondateur de Netflix, Reed Hastings, ne semble pas très inquiet : « C’est génial pour le monde entier que Disney et Netflix soient en compétition. Nous sommes à fond dans les dessins animés, nous allons essayer de les dépasser sur ce terrain, tout en gardant notre avance dans le divertissement en général. C’est très stimulant », a-t-il déclaré lors d’une conférence, mercredi.
« Disney et Netflix font grossir un gâteau »
Bon joueur, Netflix ? Selon Gilles Pezet, consultant spécialistes des médias chez NPA Conseil, c’est plutôt que le succès de Disney « valide l’intuition de départ de Netflix ». À savoir que l’avenir du divertissement se trouve dans le streaming (vidéo à la demande), avec un modèle payant par abonnement. Ces deux plateformes seraient donc complices plutôt que rivales : « Disney et Netflix font grossir un gâteau qu’ils se partagent », image-t-il. Avec une plus grosse part pour Netflix.
Le vrai danger est ailleurs. Les studios de cinéma hollywoodiens, qui veulent eux aussi leur part du gâteau, créent désormais leur propre plateforme. La Warner Bros a lancé HBO Max – où l’on retrouve notamment la série Game of Thrones –, en mai 2020. Le dernier concurrent en date s’appelle Paramount + et débarquera en mars 2021 aux États-Unis avec un beau catalogue (Le Parrain, Star Trek…). « Les grands studios, qui auparavant vendaient des droits sur leurs séries et leurs films à Netflix, les gardent maintenant pour eux », détaille Gilles Pezet.
Multiplier les contenus originaux
Pour répliquer, la plateforme aux 200 millions d’abonnés est donc devenue son propre studio de production. Avec d’énormes succès à la clé : Stranger Things, Le jeu de la dame et, plus récemment, la série Lupin, avec Omar Sy. En 2020, Netflix a ainsi investi 14 milliards d’euros dans ses contenus originaux, contre 12 milliards en 2018 et 4 milliards en 2016. Pour l’année à venir, au moins soixante-dix nouveaux films sont au programme, avec une ribambelle de vedettes du grand écran : Meryl Streep, Leonardo DiCaprio, Jennifer Lawrence…
Beaucoup pensaient que Netflix n’avait pas les moyens de son succès, tant sa dette était abyssale (environ 15 milliards de dollars en 2020, selon Bloomberg). C’est pourquoi ses récents résultats ont tant ravi les investisseurs : « Nous sommes très proches de parvenir à une trésorerie positive », a fièrement annoncé le groupe dans un communiqué.
Dit autrement, grâce aux 25 milliards d’euros de chiffres d’affaires engendrés par les abonnements, Netflix n’aura plus à s’endetter pour produire de nouveaux contenus. Et pourra bientôt rémunérer ses actionnaires. Une happy ending (fin heureuse) sur laquelle peu auraient parié.
Source : Ouest France (https://www.ouest-france.fr/medias/netflix/divertissement-comment-netflix-a-conquis-200-millions-d-abonnes-7127795)