Depuis le Covid-19, les Français font plus confiance aux médias

Publié le 27/01/2021

Selon le baromètre Kantar-« La Croix », les Français pensent que les médias ont rempli leur mission d’explication durant la crise sanitaire, malgré des couacs.

Un léger mieux. Ils ne sont plus que trois Français sur dix, contre quatre l'année dernière, à se détourner de l'information. Avec la crise du Covid-19, l'intérêt pour l'actualité et le niveau de confiance dans les médias des Français ont ainsi augmenté, même s'ils restent à des niveaux plutôt faibles, révèle le 34e baromètre annuel réalisé par l'institut Kantar pour le quotidien La Croix*. Selon cette enquête, 67 % des Français disent suivre l'actualité avec un intérêt « assez grand » ou « très grand » – ils sont 33 % à déclarer un intérêt « très faible » ou « assez faible » – , un niveau en hausse de 8 points par rapport à l'an dernier. Ce niveau reste quand même sous la moyenne annuelle des 34 dernières années, le Baromètre de confiance dans les médias, réalisé par Kantar (ex-TNS Sofres) pour La Croix ayant été lancé en 1987.

« Le regain d'intérêt pour l'actualité est particulièrement marqué chez les sympathisants socialistes, Républicains, de La République en marche et d'Europe Écologie-Les Verts. En revanche, l'intérêt des sympathisants de La France insoumise et du Rassemblement national recule nettement », souligne Guillaume Caline, responsable du pôle enjeux publics et opinion chez Kantar. Une prise de distance des extrêmes vis-à-vis des médias traditionnels qui reste inquiétante et se voit à travers le lancement de chaînes par Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. En outre, une large majorité de Français restent très suspicieux à l'égard de l'indépendance des journalistes et pensent qu'ils ne résistent pas aux pressions politiques ou du pouvoir ou aux pressions de l'argent (environ 60 % ou plus). Pour eux, la conférence citoyenne pour le climat, les révélations d'abus sexuels dans le monde sportif et le mouvement pour la démocratie en Biélorussie sont les trois événements dont on n'a pas assez parlé.

Covid : satisfecit sur les gestes barrières, critiques sur les experts interrogés

La crise sanitaire et le Covid-19 ont logiquement rythmé l'année 2020. « Après une première période de sidération et d'inquiétude avec une très forte consommation des médias, peut-être un peu trop, il y a eu, avec le temps, une sorte de saturation, une prise de distance, voire une volonté de se couper de médias trop anxiogènes et de rechercher des sources alternatives telles que les réseaux sociaux », poursuit Guillaume Caligne.

Les personnes interrogées pensent que trois sujets ont été trop traités dans les médias : le Covid-19 (74 %), les présidentielles américaines (45 %), le renoncement du prince Harry et de Meghan Markle aux titres royaux (34 %). « En réalité, pour le Covid, qui a été en une des médias durant 306 des 366 jours de 2020, ce niveau n'est pas si important », fait valoir Guillaume Caligne. Adeline François, qui anime la matinale de BFM TV, prend la défense des médias : « Vous voulez parler de théâtre pour changer, vous retombez sur le Covid, de gastronomie, vous retombez sur le Covid, d'économie, idem. C'est difficile de chercher le trou de souris où il n'y a pas de Covid. »

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D'autant que les Français considèrent que les médias ont rempli leur mission d'être à leur service et d'expliquer les mesures sanitaires. Par exemple, sur les gestes barrières et le port du masque, les règles de confinement et déconfinement et l'évolution des chiffres de la pandémie.

Parmi les reproches faits aux médias, celui d'avoir trop donné de place à des gens qui ne sont pas spécialistes du sujet et défilaient sur les plateaux de télévision. « On l'a vu avec Laurent Toubiana, de l'Inserm, qui se laissait appeler docteur et clamait qu'il n'y aurait pas de deuxième vague, ou Jean-François Toussaint, un épidémiologiste du sport qui n'est pas un spécialiste des virus », relève Arnaud Mercier, professeur en information communication à l'université Paris-2-Panthéon-Assas. Et de poursuivre : « Sur la chloroquine et le Pr Raoult, certains médias ont trop cru que la dispute scientifique était comme une dispute politique. » Il évoque un sondage publié en avril par quotidien Le Parisien qui demandait aux Français s'ils jugeaient la chloroquine efficace, avant même d'avoir des résultats cliniques. « On ne peut pas établir une politique sanitaire sur ce genre de sondage. », ajoute-t-il.

Pour Estelle Cognac, directrice de la rédaction de France Info, « il faut aussi accepter de ne pas savoir. Sur l'origine du virus, par exemple, on ne sait pas précisément tout. Pareil sur les vaccins, il a fallu suivre les données publiées petit à petit et il y a une évolution du discours scientifique. ».

* Enquête réalisée en face à face sur un échantillon représentatif de 1 000 personnes de 18 ans et plus, entre le 7 et 11 janvier derniers.

Source : Le Point (https://www.lepoint.fr/medias/depuis-le-covid-19-les-francais-font-plus-confiance-aux-medias-27-01-2021-2411407_260.php#)