Vendée : Les Herbiers, de nouveau champion de France de l'emploi

Publié le 16/03/2021

Au troisième trimestre 2020, Les Herbiers affichaient un taux de chômage de 5 %. Le plus bas de France.

Un temps sur la deuxième marche, le bassin d’emploi des Herbiers est de nouveau « champion de France ». Au troisième trimestre 2020 (30 septembre), la Ville affichait un taux de chômage de 5 %. « Le plus bas du pays », a noté Laurent Soullard, directeur de l’agence herbretaise Pôle emploi.

La cité vendéenne fait donc de nouveau la course en tête. Surclassant ces rivaux : Ancenis (Loire-Atlantique), Vitré (Ille-et-Vilaine), Rambouillet (Yvelines), Saint-Flour (Cantal). « Une dizaine de territoires se challenge. »
L’industrie

Aux Herbiers, les ingrédients de la réussite sont connus. La cité aux 18 agences d’intérim (16 000 habitants) turbine, en grande partie, grâce à son industrie. Contrairement à d’autres qui ont fait le pari du tertiaire, le Pays herbretais n’a jamais tourné le dos à ses usines et su, au fil du temps, tricoter un solide tissu industriel.

Après la crise des années 80-90, où des pans entiers du secteur de la chaussure, de la confection, du cuir et du mobilier se sont effondrés, le bocage herbretais a su se relever. Notamment grâce à la réussite de ses capitaines d’industrie (Liébot, Briand) et de fleurons (Fleury Michon, Puy du Fou) qui ont tiré vers le haut.
Un modèle endogène

La réussite de ces têtes de gondole du « miracle économique » vendéen a profité à une myriade « de sous-traitants, commerçants, artisans, restaurateurs ». Des forces vives soutenues par une classe politique toujours prompte à favoriser « un modèle de développement plus endogène qu’exogène ».

La dernière transaction menée sur la zone Ekho illustre cette pratique. Plutôt que de laisser l’une des dernières parcelles idéalement situées au bord de l’autoroute à Amazon, les élus ont préféré opter pour le groupe Liébot. Après une poignée de mains entre Véronique Besse, maire, et André Liébot, Ouest Alu a pu s’y installer (voir Côté Les Herbiers de décembre 2020).
Eviter la concurrence

Les forces vives sont ainsi. Elles veilleront toujours « à faire grossir en premier les entreprises du coin, avant d’aller chercher ailleurs de potentiels concurrents ». Si l’on part chercher « un étranger », c’est pour mieux servir les intérêts locaux. Comme en témoigne l’arrivée de la plateforme Le Roy logistique, adoubée par K-Line qui en avait besoin.
« On chasse en meute »

La réussite économique des Herbiers suscite l’intérêt. Certains s’interrogent sur la possibilité de dupliquer le modèle. Mais pas évident pour Laurent Soullard :

« Ce succès repose sur une histoire veille de 20 à 30 ans. On ne peut pas transposer ces pratiques du jour au lendemain. »

En revanche, quelques réflexes peuvent être copiés. Comme le travail en réseau. « On chasse en meute, ici. Comme au sein de l’association Les Herbiers entreprises qui compte près de 130 adhérents. Même Pôle emploi y adhère. C’est un club actif, avec des séances plénières, où l’on échange, où l’on passe des contrats. Surtout, on n’a pas peur de dépasser sa fonction pour aller vers l’autre. »
Le tourisme en suspens

Des atouts que le territoire devra mobiliser en 2021. Car même si le volume d’emplois (6 000 offres par an, 600 par mois) a retrouvé son niveau d’avant Covid, des incertitudes demeurent quant à l’avenir. Notamment dans le domaine du tourisme.

Si la locomotive qu’est le Puy du Fou venait à caler, tout un pan de l’économie locale pourrait être à l’arrêt : restauration, hôtellerie, locations, commerces, événementiel… « On s’aperçoit que le Pays des Herbiers connaît de plus en plus les mêmes problématiques que la cote. Ce qui n’était pas le cas il y a 20 ans. »

Pour autant, rassure le patron de Pôle emploi, « si le Puy du Fou peut ouvrir sans problème, je fais le pari que 2021 sera une très belle année. A cause de la pandémie, les Français resteront en France. »
Les limites du modèle

Si l’économie herbretaise est citée en exemple, elle comporte malgré tout certaines limites : « La typologie des métiers est plutôt monocouleur. On retrouve principalement des opérateurs de fabrication et des travaux postés, occupés par des hommes. »
Le recours à l’intérim pour s’adapter aux montées en charge de l’activité est répandu chez les employeurs. Ces contrats précaires débouchent rarement sur des contrats à durée indéterminée (CDI)

Source : Actu.fr