Campus Cyber : la France accélère dans la cybersécurité

Publié le 15/02/2022

Le Campus Cyber, érigé comme le "totem de la cybersécurité en France" par le gouvernement, va être inauguré ce mardi 15 février par Emmanuel Macron. Il est situé à La Défense, aux portes de Paris, dans une tour de 13 étages.

La vitrine française de la cybersécurité se dévoile. Le Campus Cyber, érigé comme le “totem de la cybersécurité en France” par le gouvernement, va être inauguré mardi 15 février 2022 par Emmanuel Macron. Au cœur du quartier d’affaires de La Défense, aux portes de Paris, ce lieu stratégique pour la sécurité nationale dans l’espace virtuel ambitionne de fédérer l’ensemble de l’écosystème français de la cybersécurité sur les 13 étages de la tour Eria.

Ce sont ainsi 26 000 m² qui vont être mis à disposition des acteurs du secteur. Le site vise à accueillir des entreprises (grands groupes, PME et start-up), des services de l’État comme l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), des organismes de formation, des acteurs de la recherche et des associations, de manière à multiplier les synergies entre les différentes entités de l’écosystème. Dans le détail, il y aura 17 000 m² d’espaces de travail privés ou partagés, 6000 m² de plateaux projet et innovation, et 3000 m² consacrés à la formation. Au total, ce sont entre 1800 personnes qui devraient travailler sur le campus francilien. Ce dernier hébergera notamment la start-up Gatewatcher, qui vient d’annoncer un tour de table de 25 millions d’euros. À terme, le gouvernement espère que le Campus Cyber permettra de donner naissance à des champions mondiaux du secteur.
Un projet qui s’est concrétisé en moins de trois ans

Avec ce vaisseau amiral de la cybersécurité française, l’exécutif veut encourager les collaborations entre acteurs privés et institutions publiques. De nombreux grands groupes, à l’image d’Airbus, Bouygues, EDF, Hermès, La Poste, L’Oréal, LVMH, Renault, Safran ou encore Thales, sont ainsi entrés au capital du Campus Cyber pour financer le projet. De son côté, l’État détient 49 % du capital de la société par actions simplifiée (SAS) créée pour l’occasion.

Officiellement souhaité par le gouvernement à l’été 2019, le projet aura mis moins de trois ans à voir le jour. Après une flopée d’auditions à l’automne de la même année pour comprendre les attentes de tous les acteurs de l’écosystème et trouver des moyens de s’adapter en conséquence, c’est le rapport de Michel Van Den Berghe, ancien dirigeant d’Orange Cyberdéfense choisi pour diriger le Campus Cyber, qui a accéléré la concrétisation du projet. Intitulé Fédérer et faire rayonner l’écosystème de la cybersécurité, ce document remis au Premier ministre en janvier 2020 a défini les grandes lignes de cette nouvelle structure. Il était en particulier question d’effectuer un lancement rapide au premier semestre 2021, mais la pandémie de Covid-19 a finalement décalé d’un an l’ouverture du campus.

Un an après le plan national pour la cybersécurité

Pour autant, l’inauguration du Campus Cyber va permettre à Emmanuel Macron de faire un premier point d’étape presque un an jour pour jour après la présentation du plan national pour la cybersécurité qui prévoyait une enveloppe d’un milliard d’euros pour accélérer le développement de la filière dans l’Hexagone. D’ici à 2025, le gouvernement ambitionne notamment de multiplier par trois le chiffre d’affaires du secteur (actuellement de 7,3 milliards d’euros), d’en doubler le nombre d’emplois et de faire émerger au moins trois licornes (start-up dont la valorisation dépasse le milliard d’euros).

“La cybersécurité est l’affaire de tous, il est impératif que le secteur privé et le secteur public travaillent de concert, et le Campus Cyber incarne cette réponse collective et souveraine à la menace cyber. La large adhésion du secteur privé, allant d’entreprises du CAC 40 à de jeunes start-up, est un signal fort qui montre que l’enjeu est mieux compris de tous. Le campus sera un lieu d’innovation pour la cyber en France et sera porté à majorité par le secteur privé : ce modèle est sans équivalent dans le monde”, se félicitait Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, en avril 2021.

Devenue un sujet majeur de souveraineté face à la multiplication des attaques en ligne, la cybersécurité est désormais une priorité pour le ministère des Armées, qui prévoit de recruter près de 1900 cybercombattants d’ici à 2025 pour en disposer de 5000 à cet horizon. “Notre supériorité opérationnelle, c’est-à-dire la capacité à garder l’avantage sur le terrain face aux acteurs malveillants, dépend de notre maîtrise du champ numérique. Cela signifie mieux anticiper les menaces, mieux détecter et caractériser les attaques pour se donner les moyens de les attribuer. Il s’agit d’en protéger nos réseaux, de sensibiliser nos partenaires industriels et nos prestataires vis-à-vis de leurs propres réseaux. Il s’agit donc de nous défendre, mais aussi de pouvoir répliquer quand cela est nécessaire, et ce, même si la France est opposée à une militarisation du cyberespace”, expliquait Florence Parly, la ministre des Armées, en septembre dernier au Forum international de la cybersécurité (FIC), à Lille. Dans ce cadre, l’État mise non seulement sur Paris, avec le Campus Cyber, qui doit devenir la locomotive d’innovation de l’Hexagone dans le secteur, mais aussi sur Rennes, devenu un haut lieu de la cybersécurité française, notamment en accueillant le siège du Commandement militaire de la cyberdéfense (ComCyber).

Source :
Par Maxence Fabrion
Publié : 14/02/22 à 13h23
https://www.lesnumeriques.com/pro/campus-cyber-la-france-accelere-dans-la-cybersecurite-n176649.html