Bretagne : Près de Rennes, l’installation de l’usine Bridor de Le Duff est toujours contestée

Publié le 23/02/2022

L’entreprise de boulangerie industrielle Bridor veut implanter un important site sur la commune de Liffré et promet 500 emplois

A Liffré, près de Rennes, la société Bridor espère créer une grande usine de fabrication de pain et de viennoiseries industrielles.
L’entreprise du groupe Le Duff promet « 500 emplois » d’ici 2030 dans l’usine. Un argument qui ne convainc pas les opposants.
Les écologistes et membres de La France insoumise critiquent ce projet pour son impact environnemental et sa consommation en eau. Ils demandent son abandon.

Deux salles, deux ambiances. Depuis plusieurs mois et l’annonce de la volonté du groupe Le Duff de s’implanter à Liffré, opposants et soutiens au projet ne cessent de faire entendre leurs arguments. C’est dans cette commune située au nord-est de Rennes que l’empire de la boulangerie industrielle a décidé d’implanter la nouvelle usine de sa marque Bridor. Spécialisée dans la confection de pains et de viennoiseries, la société aura besoin de 20 ha de terres situées dans la zone d’activités intercommunale appelée « Sévailles 2 ». Pour permettre à chacun de s’informer sur le projet et d’exprimer son avis, une enquête publique s’est ouverte le 21 février et court jusqu’au 23 mars.

Sur ce site implanté à deux pas de l’axe stratégique Rennes Caen, l’industriel a fait la promesse de créer 500 emplois d’ici 2030. Un argument qui a convaincu les élus de Liffré-Cormier Communauté, qui soutiennent le projet. Loïg Chesnais-Girard, qui a longtemps été maire de Liffré avant accéder au fauteuil de président de la région Bretagne, est du même avis. « Nous avons un regard très attentif sur ce projet et l’enquête publique doit permettre à chacun de s’informer. Il nous faut intégrer les enjeux de développement durable et Bridor devra y répondre. Mais je suis également fier que des emplois ouvriers soient maintenus dans le territoire », assure le président socialiste de la région.
Une zone d’activité identifiée comme stratégique

Confrontées à une raréfaction du foncier agricole, les collectivités situées autour de la capitale bretonne sont appelées à la plus grande sobriété dans leur consommation d’espaces naturels. Plusieurs territoires ont déjà refusé l’arrivée de grandes plateformes logistiques trop gourmandes en foncier. A Liffré, la situation est différente, puisque la zone d’activités a été identifiée parmi les 13 sites stratégiques d’aménagement définis dans le Schéma de cohérence territoriale (Scot) du Pays de Rennes. L’endroit est donc autorisé à être urbanisé à des fins économiques.

Un choix que ne digère pas le sénateur écologiste Daniel Salmon, fervent opposant au projet de Bridor. « C’est une usine d’un certain gigantisme qui prévoit d’exporter dans la France entière et même à l’international. C’est une économie hors-sol, un projet néfaste à tous points de vue ! Ce n’est pas parce que monsieur Le Duff est d’origine bretonne qu’il peut s’installer où il veut », tacle le sénateur. Les élus locaux de La France insoumise partagent le même constat et demandent l’abandon du projet.
Les autres sites seraient déjà saturés

Ce projet estimé à 250 millions d’euros a pour but de « renforcer les capacités de production actuelle » des usines de Servon-sur-Vilaine (Ille-et-Vilaine) et de Louverné (Mayenne) « qui ont atteint leur capacité de développement », selon Bridor. La parcelle identifiée pour l’implantation présente la particularité d’abriter une zone humide. Sollicitée, la direction de Bridor n’a pas souhaité répondre à nos questions. Dans le dossier d’enquête publique, la société du groupe Le Duff avait répondu aux inquiétudes de la Commission locale de l’eau en promettant de maintenir les zones à fort intérêt écologique et de préserver « au maximum » les espaces verts en place. Bridor devra également mener des mesures de compensation comme le prévoit la loi, notamment par la replantation d’arbres et la création de zones humides. Insuffisant pour les opposants.

Sur les 20 ha du site, six accueilleront des bâtiments, cinq seront dévoués aux circulations et au stationnement et dix seront maintenus en espaces verts et en zones réservées à l’épuration et au traitement des eaux pluviales. La question de l’eau inquiète particulièrement les opposants, qui voient d’un mauvais œil la consommation annuelle de 200.000 m³ d’eau par an annoncée par l’usine. « Dans un territoire qui est concerné par les sécheresses, c’est incohérent. Ce modèle économique a montré ses limites. Bridor fait un chantage à l’emploi. Mais pour quel type d’emplois ? Je ne suis pas certain qu’ils soient au service du mieux-être des salariés. Un emploi créé ici en détruira ailleurs », peste le sénateur Daniel Salmon. S’il obtient le feu vert des autoristés, Bridor espère démarrer la production de ses viennoiseries en 2024 sur ce site.

Source : 20minutes (https://www.20minutes.fr/rennes/3240143-20220222-bretagne-pres-rennes-installation-usine-bridor-duff-toujours-contestee)