Comment la GreenTech est devenue un terreau fertile pour les startups en France

Publié le 04/05/2022

À la croisée de plusieurs secteurs, les GreenTech se multiplient en Europe et en France pour répondre à des enjeux stratégiques comme l’alimentation, la souveraineté énergétique ou encore la décarbonation des entreprises. Afin de mieux comprendre ses sociétés, encore jeunes pour la plupart, Bpifrance vient de publier un rapport sur leur rôle dans la transition environnementale.

BackMarket, Phénix, Verkor, Ÿnsect…Les GreenTech sont présentes dans divers pans de notre vie et de notre économie, en s’adressant à la fois aux particuliers et aux professionnels. Dans une étude consacrée à ces entreprises, intitulée « Les GreenTech françaises : un levier majeur pour relever le défi de la transition environnementale », et consultée en exclusivité par Maddyness, Bpifrance distingue six verticales : les nouvelles énergies, la mobilité propre, l’industrie verte, l’agriculture et l’agroalimentaire, la construction durable et l’environnement.

Par GreenTech, la banque publique d’investissement entend les startups proposant des solutions innovantes (produit, service, technologie) qui améliorent l’impact environnemental des utilisateurs en contribuant significativement à au moins un objectif environnemental de l’Union européenne (transition vers une économie circulaire, atténuation au changement climatique, la prévention et la réduction de la pollution, etc). « L’impact est le fondement même de la définition d’une GreenTech. On s’assure que les entreprises ne créent pas de préjudice négatif. On regarde le bilan carbone, l’analyse du cycle de vie, etc » , précise Emilie Garcia, responsable climat ESG innovation au sein de Bpifrance et co-autrice du rapport.

Ces sujets intéressent autant les entrepreneurs – 200 nouvelles startups sont créées par an sur ce segment selon Paul-François Fournier, Directeur Exécutif Innovation Bpifrance – que les investisseurs.

1800 startups engagées pour l’environnement

Peu nombreuses en 2017, les GreenTech françaises sont au nombre de 1800 aujourd’hui, principalement tournées vers les nouvelles énergies (25%), l’industrie verte (23%) et l’environnement (20%). La construction reste le domaine le moins adressé pour le moment (6%) mais les réglementations qui commencent à toucher le secteur devrait offrir de nouvelles opportunités.

Ensemble, ces sociétés représentent près de 60 000 emplois – dont 45 000 concentrés sur trois verticales : nouvelles énergies, environnement et industrie verte. Touts ces entreprises commencent à réaliser un chiffre d’affaires significatif, supérieur à plus de 10 millions d’euros pour plus de 50 GreenTech, avec des business model très diverses.

Si certaines d’entre elles ont émergé il y a dix ans (27%), la majorité de ces startups (51%) ont été créées il y a moins de 5 ans. « Nous observons clairement une accélération depuis 5 ans » , principalement motivée par « les réglementations prises par la France et l’Europe qui ont eu un effet levier à l’origine d’importantes levées de fonds » , confie Emilie Garcia. Le pacte vert pour l’Europe prend, en effet, forme à travers la mise en place de nouvelles réglementations et d’obligations pour les entreprises. « Les pressions politiques et réglementaires ont créé les conditions pour que les innovations des GreenTech deviennent des marchés » , poursuit-elle.

Une autre caractéristique de ces GreenTech est le foisonnement de solutions proposées. Certaines s’appuient sur des logiciels, des machines, des biotechnologies et d’autres sur les DeepTech. « Les technologies DeepTech représentent un vivier de création de valeur sur la plupart des verticales adressées par les Greentech, en particulier l’agriculture, l’agroalimentaire, l’énergie et l’industrie » , souligne le rapport. Les entreprises qui se présentent comm des GreenTech DeepTech – au nombre de 260 – représentent respectivement 16% des GreenTech de l’industrie verte et des nouvelles énergies et 18% des entreprises de l’agriculture et de l’agroalimentaire.

L’économie circulaire attire les investisseurs

Les GreenTech européennes séduisent enfin les investisseurs. Depuis 2020, les fonds levés par ces sociétés dépassent le milliard d’euros pour atteindre même 1,6 milliard d’euros en 2021 (soit 16% des fonds levés au total) contre 142 millions d’euros en 2014. Mais ces résultats restent bien en-deçà de ceux des Etats-Unis.

Si on lisse les résultats sur les 5 dernières années, on remarque que les GreenTech européennes ont levé trois fois moins que leurs homologues américaines (23,2 milliards d’euros contre 73,6 milliards d’euros) entre 2017 et 2021 mais deux fois plus que la Chine. Notons néanmoins une forte dynamique portée par 4 pays (Allemagne, France, Royaume-Uni et Suède) dont le montant total des levées a été multiplié par 11 en 5 ans.

Avec 3,7 milliards d’euros levés entre 2017 et 2021 par ses GreenTech, la France n’atteint pas le trio de tête des investissements puisqu’elle figure en 4ème position (après la Suède, l’Allemagne et le Royaume-Uni). « Nous avons levé moins que l’Allemagne et le Royaume-Uni mais nous possédons beaucoup plus de startups que ces deux pays. Ce sont de jeunes startups qui auront un vrai dynamisme à moyen terme » , assure Paul-François Fournier, Le développement des GreenTech nécessite de la R&D, des certifications et une phase d’industrialisation, et logiquement du temps. Une entreprise arrivé à maturité plus tard. Mais le directeur Exécutif Innovation Bpifrance n’est pas inquiet : ces jeunes entreprises permettront à la France de « prendre le leadership d’ici 10 ans ».

La France se distingue de ces voisins par son développement dans plusieurs verticales, à l’inverse par exemple de la Suède, qui concentre ses forces sur les nouvelles énergies, ou du Royaume-Uni, présent sur ce segment et la mobilité propre. La dynamique française est portée par la verticale « environnement » (36% des fonds levés) et plus particulièrement l’économie circulaire via des startups comme BackMarket et Vestiaire Collective. Mais la véritable spécificité française porte sur l’agroalimentaire et plus particulièrement la culture d’insectes avec plusieurs startups positionnées sur ce secteur : Agronutis, InnovaFeed, NextAlim, Nextprotein, Ÿnsect.

Faire décoller la France

Particulièrement confiants dans le potentiel de la France, Paul-François Fournier et Emilie Garcia mettent en avant les investissements réalisés par le gouvernement au cours des dernières années pour doper le développement de GreenTech, jugées essentielles pour assurer la transition de la France vers l’objectif de neutralité carbone de 2050. Le plan France 2030 en fait partie. « Une importante partie des 34 milliards d’euros du plan France 2030 sont dirigés vers les thématiques adressées par les GreenTech : décarbonation, stockage, avion propre, batterie…et les acteurs émergents » , souligne le Directeur Exécutif Bpifrance Innovation. “Ce plan est un outil de financement massif”, renchérit Emilie Garcia.

Ces startups pourront bénéficier des différents dispositifs de financement et d’investissement opérés par Bpifrance qui ont été renforcés par le Plan France 2030. « Soutenir ces projets s’inscrit dans notre priorité de devenir une banque du climat » , rappelle Paul-François Fournier. Bpifrance apportera aussi son accompagnement sur des problématiques de structuration, d’industrialisation, etc.

En parallèle, ces Greentech seront portées par deux autres plans : le plan DeepTech et le plan d’industrialisation qui visent à aider les startups du secteur à se développer et trouver les ressources nécessaires pour le faire, réseau comme financement-. Sans oublier toutes les structures qui ont vu le jour au cours des dernières années (incubateurs, accélérateurs, réseau d’entrepreneurs spécialisés, fonds à impact, etc).

Source : Maddyness (https://www.maddyness.com/2022/04/05/bpifrance-greentech-deeptech-transition-environnementale/)