Le risque d’une pénurie de lait est désormais une réalité pour Sodiaal

Publié le 01/06/2022

Le président de la coopérative Sodiaal Damien Lacombe tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. A quelques jours de la date d’application des nouveaux tarifs, il en appelle à la responsabilité de la grande distribution. Sans une répercussion des hausses de coûts de production, c’est tout le secteur qui risque la déstructuration avec, à la clé, une potentielle pénurie de lait.

Dans son dernier rapport, le Cniel (Centre National Interprofessionnel de l'Economie Laitière) estime que les éleveurs laitiers vont devoir supporter une hausse de leurs coûts de production de 15 à 20 % alors que l’année 2021 avait déjà fait état d’une hausse de 10 %. En cause : l’inflation provoquée par la guerre en Ukraine mais aussi par des épisodes climatiques inédits. A quelques jours de la date d’application des nouveaux tarifs, Sodiaal en appelle à la responsabilité des acteurs de la grande distribution. « Un aboutissement rapide des négociations pour augmenter les tarifs de la grande distribution est inévitable afin de maintenir une pérennité économique à court et moyen terme du secteur et surtout de garantir la rémunération des éleveurs significativement supérieure à 400 €/1000 litres de lait », affirme la coopérative.
Une réorientation probable des activités des producteurs

C’est en effet au 1er juin prochain qu’est fixée la mise en application des nouveaux tarifs pour les marques nationales et les marques de distributeurs faisant l’objet encore de négociations commerciales. Ce dernier tour est crucial pour les 17 000 éleveurs de la coopérative Sodiaal. Une non-répercussion par la grande distribution pourrait inciter certains producteurs à réorienter leur activité entraînant ainsi un risque de pénurie. D’autant que la filière fait déjà face à une baisse significative du nombre d’exploitations (-2,7 % ces derniers mois) et à une sécheresse qui met les éleveurs et les usines en tension.
Une demande de hausse des tarifs de l’ordre de 15 à 20 %

Alors qu’une nouvelle étude* positionne les produits laitiers comme étant une partie essentielle du panier des Français, Sodiaal s’inquiète que la grande distribution n’ait pas encore pris la mesure de cette nécessité pour préserver l’écosystème laitier français dans un contexte inflationniste inédit. « Si les tarifs n'atteignent pas 15 à 20 % d’augmentation auprès des distributeurs, les conséquences seront dramatiques. À ce jour les distributeurs tardent à amorcer concrètement le premier pas vers une augmentation significative alors que la situation est urgente », s’inquiète Damien Lacombe, président de la coopérative. « Nous avons tiré la sonnette d’alarme en janvier, où le contexte était déjà difficile. Il est désormais critique en raison des nouvelles inflations. Le risque d’une pénurie de lait est désormais une réalité. En tant que dirigeant de la coopérative, mais aussi éleveur, je suis très inquiet pour l’avenir de la filière. Le risque de déprise et de déstabilisation du secteur est réel. Il est encore temps d’agir », ajoute-t-il.
Les produits laitiers plébiscités par les Français

Comme le démontre l’étude Ipsos Digital*, les produits laitiers représentent le premier poste alimentaire des Français, devant les fruits et légumes frais, les pâtes, la confiserie, l’alcool ou les plats cuisinés. 96 % des sondés en ont acheté au cours du mois précédent. Si le fromage (87 %) est le plus acheté, il est suivi de près des yaourts (85 %), du lait et du beurre (80 % chacun).
Du fait de cette place essentielle dans leur panier d’achat, une majorité des Français a déjà pris conscience des hausses de prix. Concernant les possibles arbitrages s’ils devaient réduire de 50 € par mois leur budget alimentaire, ils rogneraient en priorité sur les confiseries et bonbons (79 % en achèteraient moins), l’alcool (74 %), les plats cuisinés (71 %) ou la viande (64 %). A l’inverse, une majorité achèterait autant, voire plus, de yaourts (57 %) ou de lait (53 %). Enfin, la majorité des acheteurs sont fortement attachés au lait français, puisque 80 % d’entre eux disent privilégier les produits laitiers à base de lait collecté en France, dont plus de la moitié (56 %) systématiquement.

* Etude Ipsos Digital auprès d’un échantillon représentatif de 1941 responsables des achats français âgés de 16 à 75 ans interrogés en ligne du 6 au 9 mai 2022. L’échantillon est représentatif selon la méthode des quotas.

Source : Process alimentaire (https://www.processalimentaire.com/vie-des-iaa/le-risque-d-une-penurie-de-lait-est-desormais-une-realite-pour-sodiaal)