Meta : La longue agonie boursière en 2022 de la maison mère de Facebook, Meta

Publié le 17/11/2022

Le géant des réseaux sociaux a été contraint cette semaine de supprimer 13% de ses effectifs, plombé par l’envolée de ses coûts. La morosité des dépenses publicitaires et des problèmes lancinants liés à des mesures prises par Apple ont provoqué la chute de son cours de Bourse.

Miné par des coûts en hausse et des recettes qui s’effritent, Meta a dû se résoudre à couper drastiquement dans ses effectifs. La maison-mère de Facebook a ainsi annoncé cette semaine la suppression de 13% de sa main d'oeuvre, soit un total de 11.000 postes. Les embauches sont par ailleurs gelées jusqu’à mars 2023.

"Au début du Covid, le monde s'est rapidement mis à l'heure d'internet et l'essor du commerce électronique a entraîné une croissance démesurée des revenus. De nombreuses personnes ont prédit qu'il s'agirait d'une accélération permanente qui se poursuivrait même après la fin de la pandémie. Je l'ai fait aussi, et j'ai donc pris la décision d'augmenter considérablement nos investissements", a expliqué Mark Zuckerberg le directeur général de Facebook.
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"Malheureusement, les choses ne se sont pas passées comme je l'avais prévu. Non seulement le commerce en ligne est revenu aux tendances antérieures, mais le ralentissement macroéconomique, l'intensification de la concurrence et la perte de signal publicitaire ont fait que nos revenus ont été bien inférieurs à ce que j'avais prévu. Je me suis trompé, et j'en assume la responsabilité", a poursuivi le dirigeant.
Plongeon de 70%

La décision était attendue alors que Meta a vu l’ensemble de ses dépenses bondir au troisième trimestre, de 19% sur un an, à 22,1 milliards de dollars. Wall Street a d’ailleurs apprécié l’annonce du groupe, l’action Meta ayant progressé de 5,2% mercredi. Mais sur l’ensemble de 2022 le titre perd toujours près de 67%*. Depuis le début de l’année le parcours de l’action ressemble à une longue chute.

Deux coups de semonce de plus de 20% ont particulièrement secoué le titre, en février et fin octobre, en raison à chaque fois de perspectives et de résultats décevants. Au troisième trimestre, le groupe a notamment vu ses revenus reculer de 4%, le deuxième trimestre consécutif de baisse, tandis que le bénéfice par action s’est avéré inférieur aux attentes. La principale difficulté auquel le groupe fait face reste le ralentissement des dépenses publicitaires en ligne.

"C'est un marché publicitaire qui connaît des difficultés importantes. C'est certainement le premier secteur qui est touché lorsque vous traversez une période de récession ou un ralentissement économique comme celui-ci", souligne Angelo Zino, analyste principal du secteur technologique chez CFRA Research, cité par S&P Global Market Intelligence.

La concurrence des autres plateformes, notamment de TikTok, propriété du groupe chinois Bytedance, pèse également.
iOS en question

Ces difficultés ont également touché les autres réseaux sociaux comme Snap Inc, qui perd près de 76% depuis le début de l’année ou encore Pinterest qui chute de près de 35%. A l’inverse, Apple, évidemment pas ou peu dépendant de la publicité, résiste mieux, bénéficiant également de produits haut de gamme et donc d’une demande moins sensible à la conjoncture. Le groupe à la pomme limite ainsi son repli à 16,7% depuis le début de l’année.

Meta, qui outre Facebook possède Instagram et WhatsApp, pâtit également de modifications de politiques de confidentialité d’iOS, le système d’exploitation d’Apple, survenues en 2021. Ces changements requièrent que toutes les applications obtiennent l’approbation de l’utilisateur pour que celui-ci soit "tracké" (suivi par l’application) ce qui a rendu plus compliqué la monétisation de l’audience via la publicité ciblée. En début d’année, Meta avait évalué le manque à gagner dû à ces modifications à environ 10 milliards de dollars sur l'ensemble de son exercice 2022.

A cela s’ajoute le relèvement des taux d’intérêt de la Réserve fédérale, qui lamine particulièrement les valorisations des groupes technologiques, et la vigueur du dollar qui amoindrit les revenus réalisés à l’étranger.

"Je pense que de nombreuses entreprises technologiques avaient gardé l'espoir de pouvoir surmonter la faiblesse de l'économie, mais comme nous l'avons vu au cours de la saison des résultats, l'hiver sera long et froid pour bon nombre de ces entreprises alors que nous traversons cette tempête économique", a estimé Dan Ives, analyste principal de la recherche sur les actions chez Wedbush Securities, cité par NBC.
Un virage incertain vers le métavers

Comme le souligne CNBC les investisseurs semblent également sceptiques du virage pris par Meta vers le métavers, ce monde virtuel immersif censé permettre des expériences innovantes pour le grand public. C’est cette orientation majeure qui a conduit le groupe à changer de nom pour devenir "Meta", en octobre 2021. La société américaine espère créer un nouvel espace immersif et disruptif qui attirerait ainsi les marques.

Mais pour l’heure, le métavers s’est surtout traduit par d’importantes hausses de coûts pour le groupe de Mark Zuckerberg. Reality Labs, la division du groupe spécialisée dans ce domaine, a vu ses dépenses atteindre 4 milliards de dollars au troisième trimestre, en hausse de 24% en raison notamment de coûts technologiques. Sa perte opérationnelle s’est, elle, creusée à 3,7 milliards de dollars contre 2,6 milliards de dollars un an plus tôt. En cumulé, les pertes de Reality Labs ont atteint 9,4 milliards de dollars depuis le début de l’année.

"Nous prévoyons que les pertes d'exploitation de Reality Labs en 2023 augmenteront de manière significative d'une année sur l'autre", a également prévenu Meta.

Le marché n’est pas seul à se montrer dubitatif. Tim Cook, le directeur général d’Apple (oui encore Apple), s’est montré sceptique début octobre sur les possibilités offertes par cet espace virtuel immersif. Il avait estimé que Facebook faisait fausse route car "le grand public ne sait pas ce qu’est le métavers ".

Même au niveau des employés de Meta la mayonnaise a du mal à prendre. Selon une note interne révélée début octobre par le média spécialisé The Verge, les équipes en charge du développement d’Horizon Worlds, le vaisseau amiral du groupe dans le métavers, n’utilisent pas énormément ce monde virtuel qui souffrent par ailleurs de bugs.

"Meta est en pleine crise d'identité. L'entreprise a un pied dans un pari risqué à long terme sur le métavers et l'autre pied dans l'incapacité de concurrencer TikTok", a commenté Mike Proulx, directeur de recherche chez Forrester, cité par l’AFP.

Et d’ajouter : "Aucun des deux n'est de bon augure pour Meta à court terme et des mesures de réduction des coûts plus sévères étaient inévitables alors que la société tente de se regrouper à l'aube d'une sombre année 2023".

Source : BFM Business (https://www.tradingsat.com/meta-US30303M1027/actualites/meta-la-longue-agonie-boursiere-en-2022-de-la-maison-mere-de-facebook-meta-1043601.html)