Christiane Lambert tire la sonnette d'alarme. La présidente de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) était sur le plateau de BFMTV et RMC alors que s'ouvre le salon mondial de l'agriculture à Paris ce samedi.
Au centre des préoccupations de la représentante du premier syndicat agricole française, la perte de la souveraineté alimentaire de la France. "La France perd en souveraineté alimentaire mais il faut enclencher un certain nombre d’actes et de décisions politiques et expliquer aux Français que pour manger des produits français, il faut accepter d’avoir des élevages qui se modernisent, des réserves d’eau qui permettent d’irriguer, des produits phytosanitaires pour traîter les plantes et qu’on n’ait pas des interdictions là où les autres pays peuvent les utiliser", explique-t-elle.
"L’agriculture française dévisse: elle n’est pas en expansion mais en récession."
Christiane Lambert pointe notamment du doigt une sécurité alimentaire longtemps prise pour acquise, à tort, et une attention exclusivement concentrée sur la dimension environnementale de l'agriculture. "En France, quand on produit moins, c'est l'inflation alimentaire", rappelle-t-elle, déplorant un recours accru aux importations qui entretient cette inflation.
Relancer la consommation de produits français sains
Car c'est bien là le coeur du problème pour la présidente de la FNSEA. Pris à la gorge par la flambée des prix, les Français consacrent moins d'argent à l'alimentation, ce qui pénalise les agriculteurs de l'autre côté de la chaîne. "Les Français consacrent 12 à 13% de leur budget à l'alimentation, indique-t-elle. Mais le premier poste de dépense, le logement, a augmenté de 31% en 5 ans et est désormais suivi par l'énergie puis la téléphonie et l'Internet".
"Le quatrième poste de dépense est l'alimentation alors que c'est notre santé au quotidien et sur 100 euros, 6 sont consacrés aux agriculteurs", souligne Christiane Lambert.
D'où l'idée d'un chèque alimentaire en faveur duquel plaide Christiane Lambert depuis plusieurs mois et qu'elle a évoqué, entre autres, lors d'un entretien avec Emmanuel Macron à l'Elysée ce mercredi. "Aujourd’hui il y a environ 5 millions de précaires et le chèque alimentaire serait fait pour eux, pour leur permettre de manger mieux, précise-t-elle. Soigner les problèmes liés à l’obésité et la malnutrition, c’est 20 milliards d’euros par an et l'obésité concerne 17% de personnes en France."
"Ce sont les Français qui décident des priorités de leur budget"
La présidente de la FNSEA a également évoqué les redressements et liquidations judiciaires qui se multiplient parmi les industriels. Pour répondre aux difficultés de l'ensemble du secteur, elle souhaite mobiliser l'ensemble de la chaîne, des industriels aux consommateurs en passant par les producteurs et distributeurs, afin de privilégier l'achat de produits français et ainsi de "pérenniser notre agriculture". "On ne peut pas attirer des jeunes vers l'agriculture s'il n'y a pas de meilleures perspectives", estime-t-elle.
Christiane Lambert s'est aussi exprimée sur sur la filière biologique pour laquelle les difficultés sont accrues en raison de prix traditionnellement plus élevées. "Ce sont les Français qui ont décidé d’acheter 20% de moins de bio, c’est eux qui décident des priorités de leur budget, martèle la présidente de la FNSEA. Pour ceux qui sont précaires, je revendique le chèque alimentaire car il y a ce besoin d’accompagnement. Tous ceux qui ont porté le bio ne sont pas au rendez-vous. Il y a une mauvaise passe, il faut accompagner les producteurs mais pour qu’ils tiennent, il faut accepter de payer un peu plus cher."
"Cette idée de dire qu’on peut acheter tout moins cher conduit notre pays a avoir délocalisé toutes ses industries, s'alarme Christiane Lambert. Je ne veux pas que l’agriculture française connaisse le même sort que l’industrie textile française qui a été délocalisée."
Source :
Timothée Talbi
Le 24/02/2023 à 11:05
https://www.bfmtv.com/economie/economie-social/alimentation-christiane-lambert-fnsea-appelle-a-consommer-francais-pour-relancer-l-agriculture_AV-202302240329.html