Vingt ans après leur retraite forcée, où les Concorde se cachent-ils ?

Publié le 21/06/2023

En juin 2003, les Concorde de la compagnie Air France tiraient leur révérence. Ils allaient être suivis quatre mois plus tard par ceux de British Airways. Au total, 20 exemplaires de l’avion supersonique avaient été construits à partir de 1969. Que sont-ils devenus, vingt ans après leur mise à la retraite ?

L’ultime vol d’un avion mythique. Le 27 juin 2003, un Concorde aux couleurs d’Air France décolle de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Le 209 F-BVFC (son nom officiel) se pose à Toulouse, cette ville qui fut son berceau. C’est la dernière fois que l’on verra un de ces appareils supersoniques dans le ciel français. Et cela fait déjà vingt ans.

Trois mois plus tôt, la compagnie française Air France et son homologue britannique British Airways annonçaient la fin de l’exploitation du Concorde. Le crash d’un appareil à Gonesse (Val-d’Oise), qui avait coûté la vie à 113 personnes le 25 juillet 2000, a sonné le glas du programme franco-britannique lancé dans les années 1960 pour développer cet avion révolutionnaire, capable de voler à plus de 2 300 km/h.

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Après 15 mois d’interruption et des modifications apportées à l’ensemble de la flotte (sept exemplaires britanniques et cinq français), les vols commerciaux avaient bien repris en novembre 2001. Mais ce nouvel envol a été plombé par les attentats du 11-Septembre, la baisse du trafic aérien et le coût exorbitant du carburant consommé par ces avions.

La compagnie britannique a continué d’exploiter le Concorde jusqu’en octobre 2003. Son tout dernier appareil a décollé de Londres le 26 novembre pour aller se poser à Bristol. Il a rejoint un musée où, vingt ans plus tard, il se trouve toujours.

Le 14 juin 2003, l’un des Concorde d’Air France atterrit pour la dernière fois au Bourget, pour le premier jour du salon de l’aéronautique de Paris. Il s’agit de l’avion de série 213 F-BTSD, qui est toujours exposé dans le musée de l’aéroport. (Photo : REMY DE LA MAUVINIERE / archives AFP)

Au total, 20 appareils avaient été construits dans le cadre du programme Concorde. Fait exceptionnel dans l’histoire de l’aéronautique, la majorité ont été conservés. Seuls deux ont disparu : le 203 F-BTSC, qui s’est écrasé à Gonesse, et le 211 F-BVD, qui a été mis en retraite prématurée en 1982 et dont seul un morceau de fuselage a été conservé.

Et les autres, que sont-ils devenus ? Comme l’explique Science et Vie, la plupart ont rejoint des musées. Ils se trouvent majoritairement en Grande-Bretagne et en France, mais aussi en Allemagne, aux États-Unis et sur l’île de la Barbade. Ils sont souvent exposés aux côtés d’autres appareils prestigieux. Avis aux nostalgiques et aux passionnés d’aviation : plusieurs d’entre eux peuvent se visiter, jusqu’à la cabine de pilotage.

En dehors des musées, deux exemplaires du Concorde sont restés au cœur des aéroports où ils ont connu leurs heures de gloire : le 208 G-BOAB est toujours stationné sur le tarmac de Londres-Heathrow (Royaume Uni) et le 215 F-BVFF, visible au bord des pistes de Roissy, où les passagers des avions peuvent l’admirer. Il est figé en position cabrée, incliné vers la droite, comme lorsqu’il effectuait son premier virage après son décollage sur la piste 27.

Notre carte ci-dessous montre la répartition des Concorde dans le monde, classés par ordre chronologique en fonction de la date de leur premier vol (en bleu les avions sous pavillon Air France, en rouge ceux sous pavillon British Airways). Nous vous présentons ensuite l’histoire de chacun de ces appareils. Bon voyage à travers l’une des plus belles pages de l’histoire de l’aéronautique !

Où se trouvent les Concorde dans le monde ?

Classement chronologique, du n°1 au n°19, à partir du premier vol

jusqu’au dernier, soit du 2 mars 1969 au 26 novembre 2003


1. Prototype 001 F-WTSS

Musée de l’air et de l’espace, Le Bourget (France). C’est le tout premier Concorde à avoir volé : ce prototype a effectué un vol d’essai au-dessus de Toulouse le 2 mars 1969. Il a été mis à la retraite dès octobre 1973, après avoir effectué 397 vols. Il détient le record du monde d’altitude pour un appareil non militaire (73 000 pieds, soit plus de 22 000 mètres).

Le prototype 001 F-WTSS, exposé au Bourget. (Photo : ERIC SALARD from PARIS, FRANCE, CC BY-SA 2.0 < https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0 >, via Wikimedia Commons)

2. Prototype 002 G-BSST

Fleet Air Arm Museum, Yeovilton (Angleterre). Ce prototype britannique a effectué son premier vol le 9 avril 1969 à Filton, en Angleterre. Il a été mis à la retraite sept ans plus tard.

Le Prototype 002 G-BSST, exposé à Yeovilton. (Photo : Rodw, Public domain, via Wikimedia Commons)

3. Avion de présérie 101 G-AXDN

Imperial War Museum, Duxford (Angleterre). Il détient le record de vitesse, établi à Mach 2,237 (2 460 km/h) en avril 1974. Il a été mis à la retraite le 20 août 1977, après avoir effectué 269 vols. Possibilité de monter à bord et d’accéder au cockpit.

L’avion de présérie 101 G-AXDN, exposé à Duxford. (Photo : Mark Harkin, CC BY 2.0 < https://creativecommons.org/licenses/by/2.0 >, via Wikimedia Commons)

4. Avion de présérie 102 F-WTSA

Musée Delta, aéroport d’Orly, France. C’est le premier Concorde à s’être posé aux États-Unis : il a atterri à Dallas le 20 septembre 1973. Pendant ses tests, il portait sur le flanc droit les couleurs de British Airways et sur le flanc gauche celles d’Air France. Il conserve cette particularité dans le musée où il est aujourd’hui exposé.

L’avion de présérie 102 F-WTSA, exposé à Orly. (Photo : SailEOuiAla, CC BY-SA 4.0 / via Wikimedia Commons)

5. Avion de test 201 F-WTSB

Musée Aeroscopia, Blagnac (France). C’est l’un des deux avions de test (notamment pour l’entraînement des équipages), qui n’ont jamais été utilisés pour des vols commerciaux. Il a volé pour la dernière fois en avril 1985. Aujourd’hui, on peut visiter ses aménagements intérieurs et son poste de pilotage.

L’avion de test 201 F-WTSB, exposé à Blagnac. (Photo : Duch.seb, CC BY-SA 3.0 < https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0 >, via Wikimedia Commons)

6. Avion de test 202 G-BBDG

Brooklands Museum, Weybridge (Royaume-Uni). C’est le second avion de test. Il a été le premier à transporter 100 personnes à deux fois la vitesse du son en 1974. Mis à la retraite en décembre 1981, il a ensuite servi de source de pièces de rechange pour les autres appareils. Il a depuis été entièrement restauré et se visite. Il accueille même des cérémonies de mariage.

L’avion de test 202 G-BBDG, exposé à Weybridge. (Photo : Kurkoe, CC BY-SA 3.0 < https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0 >, via Wikimedia Commons)

7. Avion de série 204 G-BOAC

Aéroport de Manchester (Royaume-Uni). C’était le plus lourd des appareils exploités par British Airways. Il a effectué son premier vol le 27 février 1974 et son dernier, vers Manchester, le 31 octobre 2003. Des visites guidées sont aujourd’hui organisées à bord, avec la possibilité d’explorer le poste de pilotage.

L’avion de série 204 G-BOAC, exposé à Manchester. (Photo : Ken Fieldin, via Wikimedia Commons)

8. Avion de série 205 F-BVA

Smithsonian’s new Air and Space Museum, aéroport international de Washington Dulles, Chantilly (États-Unis). C’est le premier appareil de série livré à Air France pour le service commercial en 1976. Il a effectué son dernier vol le 12 juin 2003.

L’avion de série 205 F-BVA, exposé à Chantilly. (Photo : capture d’écran Youtube)

9. Avion de série 206 G-BOAA

National Museum of flight, Edinbourg, Écosse. Cet appareil affrété par British Airways a ouvert la ligne entre Londres et Bahreïn en janvier 1976. Il a effectué son dernier vol le 12 août 2000. Pour rejoindre le musée écossais en 2004, il a effectué un périple impressionnant sur une barge, remontant notamment la Tamise, puis par la route. On peut aujourd’hui visiter l’intérieur de l’appareil, avec un parcours audio.

L’avion de série 206 G-BOAA, exposé à Edinbourg. (Photo : capture d’écran Youtube)

10. Avion de série 207 F-BVFB

Musée automobile et technologique de Sinsheim (Allemagne). Cet avion a effectué le tour du monde en septembre 1988, parcourant près de 48 000 km en 38 heures et 13 minutes. Vendu au musée allemand pour 1 euro symbolique, il a effectué son dernier vol le 24 juin 2003. Il est aujourd’hui exposé au côté de son grand rival, le Tupolev TU-144. Cet avion supersonique soviétique, souvent accusé d’avoir plagié le programme Concorde, a été construit à 16 exemplaires entre 1972 et 1985. Il est possible de visiter la cabine et le poste de pilotage du Concorde 207.

L’avion de série 207 F-BVFB, exposé à Sinsheim. (Photo : Ank Kumar, CC BY-SA 4.0 < https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0 >, via Wikimedia Commons)

11. Avion de série 208 G-BOAB

Aéroport d’Heathrow, Londres (Angleterre). Il n’a jamais subi les modifications nécessaires après le crash du Concorde à Gonesse en 2000 et est resté cloué au sol. Il est toujours stationné sur la piste 27 de l’aéroport, mais n’est pas accessible au public

L’avion de série 208 G-BOAB, stationné à Londres-Heathrow. (Photo : Arpingstone, Public domain, via Wikimedia Commons)

12. Avion de série 209 F-BVFC

Musée Aeroscopia, Blagnac (France). Dernier appareil de la flotte Air France à avoir tiré sa révérence, il a effectué son ultime vol entre Paris et Toulouse le 27 juin 2003. Il est depuis exposé tout près de l’usine Airbus où il est né. Ce modèle n’est pas accessible au public, contrairement à l’autre Concorde du musée, le 201 F-WTSB.

L’avion de série 209 F-BVFC, exposé à Blagnac. (Photo : Joris Egger, CC BY-SA 4.0 < https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0 >, via Wikimedia Commons)

13. Avion de série 210 G-BOAD

Interpid Sea Air Space Museum, New York (États-Unis). Sous les couleurs de British Airways, il a participé au défilé aérien du jubilé de la reine Elisabeth en 2002. Il a volé jusqu’à New York pour la dernière fois le 10 novembre 2003, puis a été transféré jusqu’au musée sur l’Hudson River à bord d’une barge. Il est aujourd’hui présenté au public aux côtés de la navette spatiale américaine Enterprise et du porte-avions américain USS Intreprid. Des visites de ce Concorde sont ouvertes au public.

L’avion de série 210 G-BOAD, exposé à New York. (Photo : Roland Turner from Birmingham, Great Britain, CC BY-SA 2.0 < https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0 >, via Wikimedia Commons)

14. Avion de série 211 F-BVD

Aéroport du Bourget, Dugny (France). Mise en service par Air France en février 1977, il a endommagé lors d’un atterrissage à Dakar, puis réparé. Affecté en 1979 à la liaison Dallas – New York (mais ses capacités supersoniques n’étaient pas utilisées), il a été retiré du service trois ans plus tard, puis été utilisé comme source de pièces de rechange. Seul un morceau de fuselage de 6 mètres de long a été conservé près des pistes de l’aéroport du Bourget, et il n’est pas accessible au public.

15. Avion de série 212 G-BOAE

Barbados Concorde Experience Museum (La Barbade). Cet appareil de British Airways a pris son envol pour la dernière fois le 17 novembre 2003, en direction de l’île des Caraïbes.

L’avion de série 212 G-BOAE, exposé à La Barbade. (Photo : Simon Boddy, CC BY-SA 2.0 < https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0 >, via Wikimedia Commons)

16. Avion de série 213 F-BTSD

Musée de l’air et de l’espace, Le Bourget (France). Cet appareil détient le record du monde du vol le plus rapide autour du monde dans les deux directions : 32 heures et 49 minutes vers l’ouest, au départ et à l’arrivée de Lisbonne (Portugal) en octobre 1992, avec six escales ; 31 heures et 27 minutes vers l’est, au départ et à l’arrivée de New York, en août 1995, avec six escales. Aujourd’hui, il est exposé au musée du Bourget, non loin du premier prototype du Concorde.

L’avion de série 213 F-BTSD, exposé au Bourget. (Photo : Pline, CC BY-SA 3.0 < http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/>, via Wikimedia Commons)

17. Avion de série 214 G-BOAG

Museum of Flight, Seattle (États-Unis). Utilisé sur la fin de sa carrière comme source de pièces détachées, il a été restauré et a quitté Londres pour la dernière fois le 3 novembre 2003 en direction de New York. Il a ensuite effectué un dernier vol supersonique au-dessus de la partie inhabitée du Canada nord, le 5 novembre 2003, jusqu’à Seattle.

L’avion de série 214 G-BOAG, exposé à Seattle. (Photo : Clemens Vasters from Viersen, Germany, CC BY 2.0 < https://creativecommons.org/licenses/by/2.0 >, via Wikimedia Commons)

18. Avion de série 215 F-BVFF

Aéroport Paris-Charles-de-Gaulle, Roissy (France). Lors du crash du Concorde à Gonesse en 2000, cet appareil venait d’entrer en grande visite d’entretien à l’aéroport de Roissy et était en cours de démontage. Il a ensuite été mis à la retraite et a été utilisé comme source de pièces détachées. En 2005, il a été positionné près des tours de contrôles de Roissy. C’est le seul appareil dont la compagnie Air France est encore propriétaire. Stationné au bord des pistes en position cambrée et inclinée vers la droite, il n’est pas accessible au public.

L’avion de série 215 F-BVFF, exposé à Roissy-Charles-de-Gaulle. (Photo : Gérard Delafond, CC BY-SA 3.0 < http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/>, via Wikimedia Commons)

19. Avion de série 216 G-BOAF

Aerospace Bristol, Bristol (Angleterre). Dernier de la série Concorde à avoir été construit, c’est aussi celui qui a effectué l’ultime vol au départ de l’aéroport de Londres Heathrow le 26 novembre 2023. Il a volé en mode supersonique au-dessus du Golfe de Gascogne, avec à son bord une centaine de membres d’équipage de British Airways, avant d’atterrir à Bristol.

L’avion de série 216 G-BOAF, du temps où il était encore en service. (Photo : Arpingstone, Public domain, via Wikimedia Commons)

Source : Ouest France (https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2023-06-20/vingt-ans-apres-leur-retraite-forcee-ou-les-concorde-se-cachent-ils-c9101924-9961-4ab9-bebb-d9f8c1f7bfa9)